11 semaines depuis que j’ai commencé l’école. Voici finalement des impressions sur l’endroit où j’étudie : SciencesPo. Tout d’abord, il y a un flou sur le nom de l’institution, ce qui regarde mal déjà en partant. La Fondation Nationale des Sciences Politiques gère les IEP (Instituts d’Études Politiques), notamment l’IEP de Paris. C’est là que j’étudie. Mais l’administration utilise le terme SciencesPo avec ou sans espace, avec ou sans trait d’union. Mystérieux. J’ai déjà eu la discussion à savoir s’il y avait une différence entre des « études » politiques et une « sciences » politique mais je vous l’épargne pour cette fois-ci.
Petite histoire
En 1872, après s’être fait sacrer une volée par l’Allemagne et l’épisode bien trop éphémère de la Commune de Paris (la Commune refleurira…), des intellectuels français, authentiquement bourgeois, fondent l’École libre des sciences politiques. Par la suite, deux petites guerres mondiales plus tard, De Gaulle nationalise l’École (qui était alors une société par actions) et crée ce qu’on connaît comme « Sciences Po ».
Le but est de former une nouvelle élite de hauts fonctionnaires. Ça a pas trop changé disons.
L’école est une sorte d’hybride. Entre une université et ce qu’on appelle ici une « Grande école », c'est-à-dire le nec plus ultra de la sélection et de l’élitisme.
Au début des années 60, on planifia le déménagement de SciencesPo en banlieue. On construisit un bâtiment à Nanterre et puis survint mai 68 et les dirigeants craignirent l’effet des méchants contestataires de Nanterre. SciencesPo demeure donc encore aujourd’hui dans des bâtiments exigües du quartier de St-Germain-des-Prés.
Voilà, un peu pour la description. Au fait, j’ai obtenu aujourd’hui les statistiques sur les étudiants étrangers, c’est-à-dire étrangers de l’Union Européenne.
Surprise! Il y a plus d’Américains que de Canadiens. Ça m’a vraiment impressionné. Dire que l’Université de Montréal compte 60 étudiants américains en 2008 et que SciencesPo en a 219… Ça c’est les vrais étudiants, pas ceux en échange.
Mais question de bien comprendre je vous fais la description de 2 profs particulièrement intéressants, quoi que pour des raisons différentes.
Didier Schlacther m’enseigne les mathématiques. Premier cours : il nous jase ça et puis il dit qu’on sort dans un bar. Il paie la tournée, on reste et boit poliment et tout le monde retourne chez soi. Inimaginable au Québec.
Sa page wikipédia annonce qu’il a « développé une méthode propre fondée sur le comique de répétition. » Ce que wikipédia ne dit pas c’est que Schlachter ponctue ses cours de blagues toujours plus grivoises à mesure que la session avance. Il est aussi un digne représentant de l’humour français en cela qu’il affectionne particulièrement les… attention : contrepèteries. Je pourrais consacrer un post juste à ce phénomène. Allez lire la page wikipédia je vous en prie.
Mais notre ami Didier arrondie ses fins de mois à arnaquer les travailleurs de la multinationale Total en les mystifiant de statistiques. Il nous raconte d’ailleurs avec délectation comment il a plaidé pour la cause de Philip Morris contre l’assurance-maladie… Il demeure un excellent prof de math.
Ok, on passe à un autre numéro : Jacques Généreux.
Généreux, qui plogue constamment (et comiquement) ses propres livres dans ses cours, est d’un tout autre modèle. Il écrit des livres de vulgarisation économique à l’usage du commun des mortels. Il m’enseigne dans un amphithéâtre d’environ 300 places donc je peux pas dire que je le connais très bien. Mais, à titre d’anecdote : après le congrès du fabuleux Parti Socialiste français (dont les chicanes internes font d’ailleurs penser au PQ) Jacques est déçu du Parti et le quitte. Il l’annonce en amphithéâtre. « Mesdames et messieurs, j’ai quitté le Parti Socialiste ». Et là, réaction de certains : Applaudissements et hourras. J’en étais bouche bée. Mais Généreux voit qu’il ne peut faire un aussi beau cadeau à la droite (bien vivante à Sciences Po). Il se reprend : « J’ai quitté le Parti Socialiste car moi, je suis encore convaincu de la justesse du socialisme ». Et là, ça applaudit encore plus fort. Je suis mort de rire.
En effet, j’apprenais quelques heures plus tard (sur wikipédia toujours) qu’il fondait un nouveau parti, le Parti du Gauche. Fait cocasse : lors du premier rassemblement du parti, l’ambassadrice de la Bolivie est venue livrer un message d’appui d’Evo Morales. Comme quoi tout est dans tout comme dirait Jean Dion.
Et comme on ne connaît vraiment bien un village qu’en connaissant son fou, je vous présente l’hurluberlu de service. Celui de McGill était particulièrement détestable. Le gars se tenait à l’entrée principale avec une IMMENSE pancarte où il accusait l’hôpital juif de manger des bébés et des trucs comme ça.
Celui de SciencesPo est encore plus cocasse. Il distribue des tracts à propos de l’institution. Le type est obsédé par « l’authentique » IEP de Paris. Il distribue des tracts devant l’entrée qui disent :
« - L'authentique IEP de Paris, constituant le noyau de l'organisation de l'ensemble humanité (population-humanité), réunit SAVOIR et POUVOIR à leur niveau supérieur et devient le centre du monde ainsi que l'institution la plus importante dans l'absolu. »
Vous comprenez maintenant mieux où je me trouve.
Sur la photo: Jacques Généreux faisant une courbe d'offre et de demande en ombres chinoises alors que son crayon n'écrit plus.
mardi 9 décembre 2008
Le centre du monde...
Publié par Philauloin? à 07 h 05
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