jeudi 18 décembre 2008

J'ai rencontré Bérangère!

Je vous ai dit que ma résolution du 2 décembre était de rencontrer des Français, non? Je la prends très au sérieux. Ça commence. Survol de cette semaine.

Mardi je suis allé dans une présentation de films et une discussion sur les travailleurs sans-papiers. Le phénomène est d'importance en Europe et ces travailleurs sont vraiment traités comme du bétail, parfois enfermés dans des prisons pendant des mois pour une simple question de papiers. En juin dernier, des centaines de sans-papiers mettaient le feu à leur prison, le centre de rétention de Vincennes. Donc, tentative de connaître des militants des droits humains à Paris et d'en apprendre davantage. Constat: échec. La soirée était mal organisée, peu instructive, impossible de discuter avec quiconque. J'ai quitté avant la fin.

Mais après je suis passé aux choses sérieuses. Mon premier party de Sciences Po. Constat: échec. Ok, d'abord je suis vraiment très reconnaissant à mon amie de m'avoir invité chez elle. Ça ce n'est pas le problème. Elle a été une hôte formidable, nous empifrant de petits hors d'oeuvres qui me rappelaient étrangement un récent séjour au Pays-Basque. Le constat d'échec provient plutôt des autres participants de la petite fête. Vous avez tous déjà éprouvé la sensation d'être un poisson hors de l'eau lorsque vous arrivez à un party ou un événement et tout le monde est habillé beaucoup trop chic pour votre minable t-shirt. Ou bien l'inverse. Vous avez l'air d'un clown dans un party de fans de Nirvana.

Non, ce n'est pas ce qui est arrivé. Ou pas vraiment. Dans mon cours de sociologie, on étudiait la situation d'enquête chez l'aristocratie et la grande bourgeoisie. Voici un extrait. En parlant de la prestance, "d'avoir de la classe", les sociologues écrivent: "Véritable carte de visite, cette présentation de soi est le résultat de toute une éducation, d'une discipline du corps, qui, dans ses formes achevés, permet de montrer une élégance "naturelle", modalité somatique de ce miracle social qui transforme les caractères acquis en qualités innées, alchimie essentielle à la légitimation des rapports de domination."

L'an dernier, lors d'une escale à la Nouvelle-Orléans avec Rémi, nous sommes allés voir un match de football universitaire. Mississippi State visitait la pauvre université Tulane de la ville. Et les visiteurs, du Mississippi, non seulement plus nombreux que les locaux, avaient vraiment un drôle de style. Dignes décendants des propriétaires d'esclaves ils avaient l'air de... dignes descendants des propriétaires d'esclaves. En sortant du match de football, Rémi fait une remarque que je ne comprends pas à l'époque: "Ces garçons du Mississippi me font vraiment penser aux étudiants de Sciences Po Paris." Et voilà. En plein dans le mille.

Je ne vous ferai pas une description des gens, je ne saurais pas comment. Je vous invite quand même à écouter la pub de Smirnoff qui représente le tout, aux États-Unis bien sûr. Juste mentionner qu'un mignon bambin d'environ 17 ans portait un veston en tweed. Je croyais que c'était illégal avant d'avoir 40 ans ou d'être prof d'université (se référer à quand Homer Simpson devient prof de cours du soir...)

Plus fondamentalement, je ne me suis pas laissé découragé par le tweed et ai décidé de récidiver le soir suivant. Accompagné de Max et d'une amie de la maison canadienne. Entrée en matière, j'ouvre une fenêtre car TOUT LE MONDE fume et je déclenche une avalanche culminant avec une casserole d'un espèce de gruau qui vole dans la cuisine et se retrouve par terre. À ce moment, je ne connais personne dans le party et je crois que l'hôte se nomme Jamel alors qu'il s'appelle Kamel. Pas fort.

Cette fois c'est beaucoup plus relax, plus notre genre de monde. Et là elle arrive. La française mythique. Celle dont l'activité et le nom sont synonymes de foie gras, de vin et des fromages ingouvernables de De Gaulle. J'ai nommé: Bérangère du Bessez de Contenson, capitaine de l'équipe de pétanque. Et comme une capitaine de pétanque ne vient jamais seule, elle est accompagné de son set de boules. Des molles dit-elle avec dédain. Et à ma plus grande surprise, Bérangère est sympathique. Elle ne correspond pas du tout à la vision que je m'en étais faite. On partagera une bouteille de vin (la sienne)dont Maxime abusera...

Et le dilemme de m'assaillir. Je voulais faire un sport. La pétanque possiblement mais je regardais aussi en direction du Ultimate Frisbee qui se donne dans un stade à 100m de chez moi. (Le stade Charlety, lieu de réunion des contestataires de mai 68). Car le mélange de frisbee et de football serait un peu plus athlétique que la pétanque. Et je me rassurais sur le caractère tout aussi franco-français de la chose avec le nom de la capitaine: Amélie Chodron de Croucel. (Ça non plus ça s'invente pas).

Bérangère m'a convaincu. Elle me dit: "Il y a la chance du débutant et tu vas t'améliorer vraiment vite." Un sport qui combine l'agilité, la camaraderie et l'ingestion de pastis. Et voilà pour la pétanque et Bérangère. Je ne dit pas nom au frisbee quand même. À suivre...

Au fait, Danielita arrive demain! Les vraies vacances commencent.

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mardi 9 décembre 2008

Le centre du monde...


11 semaines depuis que j’ai commencé l’école. Voici finalement des impressions sur l’endroit où j’étudie : SciencesPo. Tout d’abord, il y a un flou sur le nom de l’institution, ce qui regarde mal déjà en partant. La Fondation Nationale des Sciences Politiques gère les IEP (Instituts d’Études Politiques), notamment l’IEP de Paris. C’est là que j’étudie. Mais l’administration utilise le terme SciencesPo avec ou sans espace, avec ou sans trait d’union. Mystérieux. J’ai déjà eu la discussion à savoir s’il y avait une différence entre des « études » politiques et une « sciences » politique mais je vous l’épargne pour cette fois-ci.

Petite histoire

En 1872, après s’être fait sacrer une volée par l’Allemagne et l’épisode bien trop éphémère de la Commune de Paris (la Commune refleurira…), des intellectuels français, authentiquement bourgeois, fondent l’École libre des sciences politiques. Par la suite, deux petites guerres mondiales plus tard, De Gaulle nationalise l’École (qui était alors une société par actions) et crée ce qu’on connaît comme « Sciences Po ».

Le but est de former une nouvelle élite de hauts fonctionnaires. Ça a pas trop changé disons.

L’école est une sorte d’hybride. Entre une université et ce qu’on appelle ici une « Grande école », c'est-à-dire le nec plus ultra de la sélection et de l’élitisme.

Au début des années 60, on planifia le déménagement de SciencesPo en banlieue. On construisit un bâtiment à Nanterre et puis survint mai 68 et les dirigeants craignirent l’effet des méchants contestataires de Nanterre. SciencesPo demeure donc encore aujourd’hui dans des bâtiments exigües du quartier de St-Germain-des-Prés.

Voilà, un peu pour la description. Au fait, j’ai obtenu aujourd’hui les statistiques sur les étudiants étrangers, c’est-à-dire étrangers de l’Union Européenne.

Surprise! Il y a plus d’Américains que de Canadiens. Ça m’a vraiment impressionné. Dire que l’Université de Montréal compte 60 étudiants américains en 2008 et que SciencesPo en a 219… Ça c’est les vrais étudiants, pas ceux en échange.

Mais question de bien comprendre je vous fais la description de 2 profs particulièrement intéressants, quoi que pour des raisons différentes.

Didier Schlacther m’enseigne les mathématiques. Premier cours : il nous jase ça et puis il dit qu’on sort dans un bar. Il paie la tournée, on reste et boit poliment et tout le monde retourne chez soi. Inimaginable au Québec.

Sa page wikipédia annonce qu’il a « développé une méthode propre fondée sur le comique de répétition. » Ce que wikipédia ne dit pas c’est que Schlachter ponctue ses cours de blagues toujours plus grivoises à mesure que la session avance. Il est aussi un digne représentant de l’humour français en cela qu’il affectionne particulièrement les… attention : contrepèteries. Je pourrais consacrer un post juste à ce phénomène. Allez lire la page wikipédia je vous en prie.

Mais notre ami Didier arrondie ses fins de mois à arnaquer les travailleurs de la multinationale Total en les mystifiant de statistiques. Il nous raconte d’ailleurs avec délectation comment il a plaidé pour la cause de Philip Morris contre l’assurance-maladie… Il demeure un excellent prof de math.

Ok, on passe à un autre numéro : Jacques Généreux.

Généreux, qui plogue constamment (et comiquement) ses propres livres dans ses cours, est d’un tout autre modèle. Il écrit des livres de vulgarisation économique à l’usage du commun des mortels. Il m’enseigne dans un amphithéâtre d’environ 300 places donc je peux pas dire que je le connais très bien. Mais, à titre d’anecdote : après le congrès du fabuleux Parti Socialiste français (dont les chicanes internes font d’ailleurs penser au PQ) Jacques est déçu du Parti et le quitte. Il l’annonce en amphithéâtre. « Mesdames et messieurs, j’ai quitté le Parti Socialiste ». Et là, réaction de certains : Applaudissements et hourras. J’en étais bouche bée. Mais Généreux voit qu’il ne peut faire un aussi beau cadeau à la droite (bien vivante à Sciences Po). Il se reprend : « J’ai quitté le Parti Socialiste car moi, je suis encore convaincu de la justesse du socialisme ». Et là, ça applaudit encore plus fort. Je suis mort de rire.

En effet, j’apprenais quelques heures plus tard (sur wikipédia toujours) qu’il fondait un nouveau parti, le Parti du Gauche. Fait cocasse : lors du premier rassemblement du parti, l’ambassadrice de la Bolivie est venue livrer un message d’appui d’Evo Morales. Comme quoi tout est dans tout comme dirait Jean Dion.

Et comme on ne connaît vraiment bien un village qu’en connaissant son fou, je vous présente l’hurluberlu de service. Celui de McGill était particulièrement détestable. Le gars se tenait à l’entrée principale avec une IMMENSE pancarte où il accusait l’hôpital juif de manger des bébés et des trucs comme ça.

Celui de SciencesPo est encore plus cocasse. Il distribue des tracts à propos de l’institution. Le type est obsédé par « l’authentique » IEP de Paris. Il distribue des tracts devant l’entrée qui disent :

« - L'authentique IEP de Paris, constituant le noyau de l'organisation de l'ensemble humanité (population-humanité), réunit SAVOIR et POUVOIR à leur niveau supérieur et devient le centre du monde ainsi que l'institution la plus importante dans l'absolu. »

Vous comprenez maintenant mieux où je me trouve.

Sur la photo: Jacques Généreux faisant une courbe d'offre et de demande en ombres chinoises alors que son crayon n'écrit plus.

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mercredi 3 décembre 2008

Basqu'y faut s'intégrer.


J'avais fermement l'intention d'écrire un message sur mon statut d'immigrant mais je ne l'ai pas fait. Entre temps je suis allé au Pays Basque. Je me dois d'en parler. Maxime, un ami de Québec, et moi avions l'intention de louer une voiture pour aller à Amsterdam. On a ensuite changé d'idée, à la suggestions de nos camarades de voyages de la maison de l'Argentine, pour se diriger vers la Normandie. Finalement, on a pas pu louer la voiture et on s'est rabattu sur le TGV. Direction Donostia.

Le Pays Basque était pour moi une énigme. Il en est encore une. Avouez que voir un homme barbu courir un marathon avec un béret c'est difficilement explicable. Donc, le Pays Basque, ou Euskadi, est un territoire entre la France et l'Espagne qui, pour faire simple, a historiquement préservé une culture unique.

D'abord la langue. Vraiment, absolument rien à y comprendre. Prenons, un mot au hasard. Le sigle ETA, du nom de l'organisation de libération. En basque c'est Euskadi Ta Askatasuna. Ça veut donc dire Pays Basque (Euskadi) et (Ta) Liberté (Askatasuna!!!!).

La page wikipédia sur la langue basque cite une recherche faisant remonter la langue au... paléolithique. Les habitants auraient donc survécu à la dernière glaciation en gardant leur langue intacte. Les hypothèses de parenté de la langue vont de l'Afrique du Nord, de la Tchétchénie à l'Inde. Disons, que la question n'est pas close.

On s'est donc bien amusé en Euskadi. Un peu difficile d'entrer en contact avec les gens par contre. Faut dire que je maîtrise deux langues historiquement oppressives (espagnol et français). Donc, à part un service à la clientèle désastreux, la gastronomie est tout à fait incroyable. L'ambiance aussi. Mais 2 jours c'est pas beaucoup pour saisir l'ethos de la place. On reviendra. On a ensuite filé à Biarritz, Pays Basque français. J'ai rien vu. Un temps de chien historique. Il y a eu 2 morts emportés par une crue des égouts. Ça vous donne une idée. Restait plus rien qu'à chanter "Dès que le vent soufflera" au karaoke. Ce qui a été fait.

Mais, je tiens quand même à écrire sur mon immigration. Je suis un mauvais immigrant. Je n'ai pas d'amis français. Je n'écoute pas la télé française. J'ai été voir une pièce de Wajdi Mouawad. J'ai écouté plusieurs match du CH et je suis mon pool de hockey de manière inversement proportionnelle à mon classement. J'ai été mangé de la soupe tonkinoise (un élément de base de mon alimentation montréalaise). Je me suis même fait une poutine dans le restaurant universitaire avec les frites, de la sauce et du camembert. Ça va mal.

Et le pire dans tout ça? J'ai choisi de venir ici. Je ne suis pas un réfugié. Je parle la langue. Je connais au moins un peu de culture française. Mais, niet. Aucune intégration. Heureusement, je ne vais pas au pot des québécois, une soirée hebdomadaire d'expatriés.

Ma résolution du 2 décembre est donc de me forcer, de faire un sport d'équipe. Je voulais jouer au frisbee mais l'horaire ne marchait pas. La karaoke n'est pas encore un sport apparemment, même s'il provoque une importante sudation. Un sport typiquement français? La savate? J'en ai fais à McGill est faut croire que je suis pas très flexible. Le handball? Non, je penserais pas.

Pour la prochaine session, c'est décidé: je deviens joueur de pétanque. Il y a une équipe de pétanque à Sciences Po. Et c'est pas des blagues: 3 podiums en 3 ans aux jeux inter Sciences Po. Mais peut-être que le nom de la capitaine vous convaincra de la nature profondément française de la discipline: Bérangère du Bessez de Contenson. Ça s'invente pas.

Voilà, c'est ma résolution. Je connaîtrai des Français. Et sinon, je déménage au Pays Basque manger des pintxos.

P.S. Les photos sont de Maxime.

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vendredi 21 novembre 2008

Murs murs



Je suis de retour à Paris. Plus que jamais. Avec un solide mal de tête. Ça s'appelle le Beaujolais nouveau apparemment. Tout compte fait j'ai vraiment aimé mon séjour en Italie. Trop court sans doute. Et j'ai été marqué par quelque chose à Benevento. Les murs. Mais pas seulement les murs. Aussi, les ponts, les affiches, les journaux. Le rapport au domaine public est vraiment différent de chez nous. Tentative d'explication.


Les murs de Montréal sont couverts de graffitis. Je n'aime pas trop les tags mais j'apprécie plutôt les murales, les pochoirs. Ce qui se rapproche plutôt à de l'art. J'ai un vague souvenir de ma belle jeunesse où on disait aux enfants de ne pas écrire leurs noms dans l'écorce des arbres. Apparemment certains couples faisaient ça. À l'époque. Et je me rappelle de quelques graffitis avec Roger + Gertrude ou quelque chose du genre. Où sont-ils passés? Avouez, on en voit de moins en moins. Les murs continuent de se couvrir mais les naïves déclarations d'amour se font rares. Dur à expliquer. Je doute que les adolescents s'aiment moins aujourd'hui qu'il y a 15 ans. Mais pourquoi ressentent-ils moins le besoin de le faire savoir à tous?

Et c'est là que Benevento m'a renversé. Premièrement, j'ai appris que une de mes amies, pour le troisième anniversaire de son couple, a payé un peintre pour faire une espèce de bannière qui fut accroché dans la place centrale de Tuffara, un village qui demeurera inconnu encore longtemps. La fille elle a pas 14 ans. Elle en a 23!

Et que dire de ces dizaines de cadenas que des adolescents attachent sur un pont de la ville pour illustrer leur amour "éternel". Curieux. Et vous voyez la photo. Ça c'est un mur de l'école où j'ai étudié.



Mais ce n'est pas seulement l'amour que l'on déclame. Des panneaux dans la ville servent aux affiches nécrologiques. Les journaux ont des notices d'anniversaires de naissance. On m'a aussi dit que l'oncle de mon amie Eleonora, qui lit ce blog, a fait paraître une annonce la félicitant pour sa graduation. C'est tu pas beau ça?

Mais toutes ces phrases d'amour cachent-elles l'ennui d'une ville trop tranquille? En tout cas, elles me font sourire. Bien plus que les graffitis de jeunes fascistes... Hélas, c'est aussi ça l'Italie.



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jeudi 13 novembre 2008

Rivedere Napoli e poi morire.



Voilà, après toutes ces années j'y suis retourné. Napoli et Benevento. Wow! Naples m'est apparu inchangée, éternelle. Mais je suis peut-être mieux capable de la comprendre. Son traffic est celui de Mexico, sa passion celle des Bogotanos et son tissu urbain un peu centro-americain. Une ville incroyable.

Mais pour que vous compreniez bien sa magie je vous partage ce qui m'a frappé dans les dernières 24 heures. Premièrement, la famille Noviello qui m'hébergea jadis est toujours aussi accueillante et sympatique.

La panthère

Ce chapitre de l'éternelle saga napolitaine exciterait beaucoup Claude Poirier. Les camorristas, soit le crime organisé local (et mondial a en croire l'excelllent roman Gomorra de Roberto Saviano) ont un pouvoir que certains qualifieraient d'absolu sur la Campanie. Les déchets c'est eux. Et les animaux domestiques aussi semble-t-il.

Donc, un "boss" a perdu sa panthère. Son chat de garde. Qui rode quelque part dans la région. Entre ceux qui sont apeurés et ceux crient au canular ladite panthère est quand même le sujet de discussion permanent. Une chronique zoologique qui n'est pas sans rappeller celle de Pablo Escobar et ses hippopotames.

La nostra unica fede, si chiama Napoli!

Ce chant des tifosis est vraiment pris au sérieux. Entendu au téléjournal: un prètre congolais a demandé a ses fidèles de prier pour l'équipe de soccer de Naples et leur joueur étoile, le futur Maradona, Lavezzi. En parlant du grand Maradona, je suis allé me recueillir devant ses reliques. Les reliques de ses cheveux miraculeux. Impressionnant.

Voilà, Naples m'a encore charmé. Avec sa complexité, son intensité. Si, comme on peut l'entendre dans Pulp Fiction, "l'Europe c'est pareil sauf les détails" Naples doit être dans une autre Europe. Un continent à part, plus près de l'Amérique latine que de Milan ou Rome.



Le mot de la fin pour le grand Pasolini: "J'ai choisi Naples parce que c'est un noeud historique. Les Napolitains ont decidé de rester ce qu'ils étaient, et, ainsi, de se laisser mourir."

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lundi 10 novembre 2008

La reine est morte! Vive la reine!



Je l’admets. J’ai manqué de discipline. J’ai un peu négligé ce blog. Pas qu’il ne se soit rien passé d’intéressant dans ma vie. J’ai juste eu un relâchement. En fait, j’aimerais dire que j’ai passé le dernier mois à procrastiner. Quel beau mot quand même. Il n’est utile que dans le contexte scolaire on dirait. Mais non, j’ai étudié. J’ai une bonne côte à remonter en mathématiques. M’entendre dire au téléphone : « Je peux pas. Je fais des maths » me cause une sorte de haut-le-cœur involontaire. À quoi devais-je m’attendre en économie? L'arrêt de mon blog a aussi été simultané à ma lecture du blog de Jocelyn, qui habite à la maison du Canada. Il écrit bien pour quelqu'un qui trippe sur les nains de jardins.

Donc les maths avancent.

J’ai écris un message complet pour ce blog sur le prix des bûches mais je ne l’ai pas « posté ». Aucune idée pourquoi. Peut-être parce que j’ai pas encore internet dans ma chambre…

Mais plus fondamentalement, j’ai souffert cette semaine.


Vous savez, en Amérique du Nord, les gens (certains) s’identifient avec leur voiture. Des tasses-toi mononc’ sportifs (voiture et sportif sont pour moi absolument contradictoires, rien à y comprendre) aux Mini-Beetle « pour femmes » aux Hummers pseudo virils. Les propriétaires de voitures ont parfois une relation fusionnelle avec leur véhicule. C’est un peu la même chose avec moi et ma bicyclette.

J’ai toujours aimé faire du vélo mais ce n’avait jamais été une obsession comme dans les dernières années. Il faut dire que Montréal est une ville géniale pour se déplacer à vélo et l’existence d’une coopérative de réparations de vélo rend vraiment ce moyen de transport le plus économique et pratique. Même en hiver. En 2002, en Italie, j’ai vu le Tour d’Italie, le Giro, les cuisses épouvantables des coureurs, le coup de vent que fait le peloton en descendant une côté. L’air disparaît. Aspiré par les muscles et le métal des petites reines. Impressionnant.

Mes collègues à Molson ne pouvaient comprendre que j’aime autant mon vélo et qu’il ne valle presque rien (sur le marché du vélo volé). Je les aime comme ça. Un peu vieillots. Discrets mais loyaux. Facilement réparables. Sans artifices. Sans carbone. Sans gadgets. Et aussi sans casque mais ça c’est moins glorieux.

Mon vélo parisien est pas mal semblable à mes amis montréalais. Donc, l’autre jour, lorsque je me trouvais dans l’appartement temporaire de Maxime et que l’on se cuisinait de la poutine (sauce St-Hubert, frites McCain… et émenthal) je me suis fait voler mon vélo.

Je l’avais laissé sur un poteau. Dans un des quartiers les plus riches de la ville. Bang! Cadenas coupé. Dès qu’on est sorti, même si la poutine ultra-grasse me donnait la nausée (à moins que ce soit la Desperados) j’ai vu le poteau. Nu comme il ne l’avait jamais été.

Le vocabulaire le plus québécois est ressorti de ma bouche à vitesse grand C et grand T. Et là la vraie surprise arrive. Ma motobécane est à environ 3 mètres du poteau. Le U coupé.

Imaginez l’insulte. Quelqu’un s’est donné le trouble de couper un U en plein jour et une fois monté sur le vélo il (elle) s’est rendu compte que le vélo valait pas de la marde.

J’en tremble encore. Sérieusement j’ai rarement été aussi insulté.

Mais comme un malheur ne vient jamais seul j’ai décidé d’aller en Italie. Après-demain. Je pars vers Naples mercredi pour revoir les amis et la famille d’accueil de la mère des voyages, le séjour que j’ai fait en Italie en 2001-2002. Peut-être me réconcilier avec ma petite reine aussi.

Prochain message en direct de Benevento.

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mardi 14 octobre 2008

La bouffée d'air


Vous l'avez tous vu. Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. Je dois dire que j'ai quand même bien aimé. Mais non, je n'ai pas l'intention d'égayer la vie de tous ces Parisiens. Trop épuisant. Mais j'ai entrepris de répertorier les originalités de la vie parisienne qui me font sourire.

Car il faut croire qu'il y a un certain humour parisien. Dur à cerner. Des petits clin d'oeil au train-train quotidien. Regardez cet écriteau que j'ai trouvé dans une petite rue du quartier St-Germain-des-Prés. C'est pas magnifique ça. Il y a vraiment des gens qui se sont donnés du mal pour faire ça, qui ont dépensé des sous. Juste pour faire sourire. Magnifique. Admirable. Des chiens avec du Sartre sur les dents. Fallait y penser. Mais Amélie, ou plutôt sa représentation, n'a pas fait que des heureux. Serge Kaganski, chroniqueur au journal Libération et rédacteur en chef du magazine les Inrockuptibles ne s'est pas gêné pour dénoncer le film. "Une France rétrograde, ethniquement nettoyée, nauséabonde". Faudrait pas charrier non plus mais le commentaire n'est pas si déplacé. Car les "minorités visibles" (terme tabou s'il en est un dans la France républicaine) sont effectivement pas mal absentes du film. Pas mal plus absente en fait que dans le vrai Paris. Et au premier titre de mon école. Car même si des efforts semblent être faits depuis quelques années, Sciences Po demeure le bastion le plus pur de l'élite française. Et cette élite elle est assez homogène, blanche. Mes collègues basanés sont des collèguEs. Les jeunes hommes arabes ou noirs sont littéralement absents de l'institution.

Et Paris a quelque chose d'étrange. Une sorte d'apartheid soft. Les employés manuels ne correspondent jamais à l'illustration d'Amélie. Et le concept même d'une ville coupée, emmurée par un boulevard périphérique est assez troublante. L'élite historique se réfugiant dans les quartiers très chers et certains banlieues cossues, les autres habitent la banlieue et certains quartiers, comme Montmartre, où se déroule l'histoire d'Amélie.

La Cité Universitaire chevauche le boulevard périphérique. Je suis donc allé en banlieue, à Montrouge. J'ai étonnamment aimé. Car si Paris est un peu liché, un peu Disneyesque, ma petite promenade à Montrouge m'a convaincu qu'il y a une vie à l'extérieur du 75ième département. Qui sait si l'an prochain je n'habiterai pas là-bas.

En attendant je vous envoie mes petites trouvailles. Et pour l'anecdote: vous savez quel est le film préféré de Jean-Marie Le Pen? Amélie bien sûr. Il fait remarquer, fort justement "que l’anagramme d’AMELIE POULAIN c’est OUI A L’AMI LEPEN".

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lundi 6 octobre 2008

Les nuits parisiennes

Ça y est. La vie est belle et bien commencée. Peut-être un peu trop intensément aussi. Quand on croit qu’on a une vie bien remplie il suffit parfois de quelques pièces de Leonard Cohen ou de Carla Bruni (oui, celle là) pour recevoir un bon coup de poing dans l’estomac. « Tu es en vie. » semble vouloir nous dire la musique. C’est maintenant vrai, je ne suis pas à Paris en vacances. Je deviendrai ainsi Parisien, si on veut . Après tout, j’aurai passé autant de temps à Paris qu’à Montréal. Et puisque c’est Paris et que j’adore la musique française pourquoi ne pas faire un petit karaoke ? Dans la chanson de Louise Attaque c’est « et vivre au vent, à feu, à cent, m'ouvrir aux sentiments » ou bien « m’ouvrir au sang, tu mens... » Presque aussi insondable que Les extrêmes de Tryo, hein Pedno ?

C’est donc sur des chapeaux de roues de vélo que la vie a reprise ici. Je ferai bientôt une overdose de fromage et de baguette mais peut-être que c’est une réponse à un sevrage d’une autre nature.


Tel que promis, je dois vous parler de la Maison de l’Argentine, l’endroit où je demeure. Je vous l’ai dit chaque pays (les pays importants tsé, y’a pas de maison de l’Azerbaïdjan) dispose de « sa » maison où ses ressortissants se plaisent entre eux et tolèrent les étrangers qui sont brassés dans chacune des maisons. Me voilà donc entre Rosario et Buenos Aires, mais à Paris. À propos de mes voisins argentins je vous en reparlerai plus tard, j’ai à peine fait connaissance. Mais la maison… Autant je n’ai pas particulièrement aimé l’aménagement de la maison canadienne (qui me faisait penser au vidéoclip « La vie est laide » de Jean Leloup) autant la Maison de l’Argentine a un certain charme.

Car tout le mal que l’on peut entendre du quartier Plateau Mont-Royal, semblerait-il, on pourrait le dire à propos de la maison ici. Ok, peut-être pas TOUT le mal, il faut enlever Guy A. Les planchers en bois franc invitent à se déchausser, les meubles ont un vrai cachet ancien, il y a un bel escalier, on y entend en permanence quelqu’un jouer du piano, c’est vraiment charmant. Sans parler de fauteuil sympathique. Mais comme le fameux Plateau, les planchers de bois franc ne viennent pas seuls. Il fait frette. On est au mois d’octobre. Mes fenêtres sont sérieusement aussi vieilles que celles de la salle d’étude du Petit Séminaire (certains comprendront!). L’air ne fait pas que passer, il vente dans ma chambre. Les papiers de mon bureau (bureau probablement centenaire soit dit en passant) s’envolent autour de la pièce. Une ampoule n’éclaire pas et je n’ai pas de toilette ou de douche privée. Mais c’est vraiment plus grand que ce à quoi je m’attendais. Et avec les allocations du gouvernement français ça me coûtera à peine plus cher qu’une chambre à Montréal. Magique.

Tout pour dire que je ne déteste pas. C’est définitivement davantage ce à quoi je m’attendais que les décors futuristes aseptisés de nos voisins canadiens. Mais eux ils ont le hockey…

Et non seulement les fenêtres transpirent mais le reste de la maison aussi. Les Nazis ont occupés ma chambre il y a quelques années, ensuite les Américains et ensuite mai 68. 2 portes à ma gauche ce fut la chambre de Julio Cortazar, prix Nobel de littérature. Mais au rythme où les choses vont vous devriez voir de vos propres yeux, en 2 semaines, j’ai déjà 2 amies canadiennes qui m’ont visité. (D’ailleurs Martine y’a quelqu’un de St-Mandé qui a visité mon blog…) Vous êtes ainsi officiellement les bienvenus.

Quand je vous disais que ce serait propice aux études. Maintenant que les parenthèses de début d’année ont été évacué (une promesse c’est une promesse) j’essaierai de me concentrer sur la raison première de ma présence ici : le fromage et le vin pas cher.

Le vin de grandes occasions, ce sera pour une autre fois j’imagine.

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mardi 23 septembre 2008

La traversée de Paris


J'aime les langues. J'aime les accents aussi. Sauf ceux du clavier AZERTY. AZERTY? Vous connaissez pas? Comptez-vous chanceux. En fait, j'en suis à me demander si les humains ne seraient pas vraiment profondément réfractaires au changement. Ce qui a évidemment de lourdes conséquences sur l'éventail de possibles politiques. Tout comme les langues aussi.

Donc, le clavier AZERTY. C'est la version française (et belge) du clavier QWERTY que vous avez devant vous. QWERTY pour les lettres en haut à gauche. Donc, figurez-vous qu'en France c'est pas le Q la première lettre, ni le W la 2ième. Ces lettres sont donc ailleurs. C'est une chaise musicale de lettres qui pour tout nord-américain (ou en fait, probablement la majorité des non-français, est synonyme d'un retour à l'âge de 8 ans quand on devait regarder les touches. Un retour à la phase John McCain de notre existence.

L'an dernier je vous parlais d'un livre que j'avais bien aimé: Guns, Germs and Steel de Jared Diamond. Dans le livre on y explique que le clavier QWERTY (et aussi AZERTY) ont été conçus au temps des dactylos afin d'éloigner les lettres les plus utilisées pour éviter que les tiges ne se frappent. C'est donc un clavier conçu scientifiquement pour être le moins efficace possible au niveau de l'ergonomie. Et on est encore pogné avec. Mais les Français eux, ont leur AZERTY. Un peu comme les Américains avec les Fareinheit. Mais sérieux, un clavier c'est plus frustrant qu'un thermomètre.

Je disais donc que j'aime les langues. Or, en linguistique, un débat violent a longtemps fait rage. Celui opposant l'hypothèse Sapir-Whorf et Noam Chomsky. Sapir et Whorf ont théorisé, il y a déjà un certain temps, que : la "réalité" est, dans une grande mesure, inconsciemment construite à partir des habitudes linguistiques du groupe. Deux langues ne sont jamais suffisamment semblables pour être considérées comme représentant la même réalité sociale. Les mondes où vivent des sociétés différentes sont des mondes distincts, pas simplement le même monde avec d'autres étiquette".

Chomsky, dont la théorie est pas mal plus populaire, prétend que l'on peut dire absolument n'importe quel concept, dans n'importe quelle langue. En fait, que notre cerveau utilise une langue universelle pour représenter la réalité. Il suffit donc de se servir de n'importe quelle langue pour "concrétiser" cette réalité mentale.

Il y a probablement du vrai dans les deux théories. Mais cette référence aux théories linguistiques me vient de l'urbanisme des Français. Sérieusement, ça représente un véritable casse-tête en vélo mais, surtout, ça implique de comprendre la réalité d'une manière différente à celle à laquelle je suis habitué.

Le concept même d'un boulevard périphérique nous est complètement étranger. Tout comme celui de carrefours giratoires. Car, pour aller du point A au point B, il ne suffit pas de faire une sorte de rectangle comme à Montréal: descendre à la bonne hauteur au sud, et ensuite continuer vers le point à l'ouest que l'on veut atteindre. Si on manque la rue, on prend la prochaine et c'est réglé.

Mais ici tout est courbe. Tout est une question d'étapes. Il faut se rendre vers un carrefour où pleins d'avenues convergent et, de là, faire un tour d'un degré correspondant à ce qu'on cherche. Alors que chez nous on est strictement dans le 90 degré, ici tout est variable, malléable et donc étourdissant. En vélo c'est un beau défi. Alors qu'à Montréal rouler sur la ligne jaune est un bon challenge, ici c'est commun. Même les motos le font. Mais le traffic est plus lent. Car le risque de manquer son avenue par un mauvais calcul d'une dizaine de degrés semble plus grand que celui de rouler à basse vitesse. Ou encore, le risque de prendre un tunnel à sens unique à l'envers. En vélo ça pardonne pas.

Et que dire des pauvres automobilistes qui restent pris dans un rond-point confus. J'ai croisé plusieurs cyclistes qui leur criaient: "Champignon!". J'ai fini par oser et demander le sens à un de ceux-ci: "La voiture vient de pousser dans le rond-point". Mignon. Bref, est-ce que le fait que l'urbanisme français soit ainsi fait, par convergence, a un impact quelconque sur le reste de la vie? Les mauvaises langues diront que c'est pour ça que les Français pensent être le centre du monde...

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samedi 20 septembre 2008

Le retour du blogueur après un long détour


Bon, je l'admets. Ça n'a pas été un très long détour, considérant que je suis revenu d'Équateur il y a moins de 5 mois. Je suis donc maintenant à Paris, la ville lumière pour certains, Paname pour d'autres. Une bien drôle de ville. Jusqu'à maintenant j'adore. Je vais ainsi tenter, à travers ce blogue, que certains suivent déjà depuis plusieurs années, de vous transmettre mes coups de coeur et mes coups de gueule, le mal du pays et l'euphorie des découvertes.

Que répondre à ceux qui se demanderons, c'est où que t'habites, c'est où que t'étudies? Je vous dirais bien, le 14ième, le 6ième mais ça dirait rien. Car je ne comprends toujours pas bien les arrondissements de Paris. Voici donc une carte à garder en tête au cours des 2 années (!) que devrait durer mon séjour ici.

Le tour de la carte c'est ce qu'on appelle ici le périférique, une voie rapide qui encercle Paris. J'habite dans la Cité Internationale Universitaire de Paris, dans le 14ième, tout près dudit périférique. Et j'étudie dans le 6ième, aussi connu comme St-Germain-des-Prés, ou comme l'écrit Le Routard, St-Germain du Pré à Porter.

Mais puisque mes cours ne sont pas commencés je remets à plus tard ma description de l'école, qui s'appelle Sciences Po. Mais, quand même, un détail pour donner le ton de l'institution. Mercredi, j'arrive à 8h30 et je m'adresse au genre de préposé à l'accueil. Habillé très chic (il ne détonne pas trop dans le coin donc), je ne sais pas trop quoi lui demander. En fait, je cherche le secrétariat. Je dis donc : "Bonjour, je viens d'être admis à Sciences Po". Il se lève de son bureau, et me serre la main vigoureusement en disant d'un ton solennel "Félicitations." Ouf!

Mais parlons plutôt de la Cité Universitaire.

Incroyable. Tout simplement. Plutôt que de faire pleins de résidences près de chaque université, il y a un campus qui rassemble des dizaines de résidences, généralement liées à un pays étranger qui y envoie "ses" étudiants. Je suis donc à la Maison du Canada jusqu'au 1er octobre où j'irai à la Maison de l'Argentine. Moins chère et ça me tente de connaître autre chose.

Mais la Cité Universitaire c'est un peu l'excès le plus total. Premièrement, c'est magnifique. Ok, on s'attendait à rien de moins à Paris mais là vraiment, ça dépasse mes attentes. Entre 2 parcs, un îlot avec des milliers de jeunes venus de plus de 150 pays différents. Vraiment un îlot. Je me prononcerai plus tard si c'est un ghetto. C'est un peu comme vivre dans un pavillon de l'Expo. Pas l'Expo Québec, plus l'Expo 67. Car il y a un pavillon des États-Unis, du Liban, du Cambodge, de l'Italie, de la Suède, du Mexique, etc. Chacun avec une architecture "typique". Ça frôle parfois le kitch comme la maison de la Grèce avec les grandes colonnes blanches et tout le reste.

Le campus est dominé par la maison internationale dont vous voyez la photo. Pas mal hein? L'idée de la Cité U comme on l'appelle relève un peu du même esprit que l'ONU ou la Société des Nations, soit une sorte de belle communion entre toutes les nations du monde. À 650$ par mois minimum mais que voulez-vous, ça reste Paris. Pour étudier ça semble vraiment idéal. Assez de gens pour être constamment stimulé mais pas de bar à proximité. Et de toute façon qui peut vraiment se payer une pinte à 15$?

Je vous laisse là-dessus et j'en rajoute à mesure que l'année avance. Pour les curieux, je vais tenter de maintenir ce blogue à jour, peut-être pas aussi souvent que lors du voyage en Amérique du sud (faut quand même que j'étudie y paraît...)

Allez, bon vent.

Mes coups de coeur:

Ma première balade à vélo à Paris.
Le parc Monsouris.
La banque Société Générale (merci Zosha!)
Les krishnas qui se croient dans un tam-tam sur le Mont-Royal.

Mes coups de gueule:

Le premier flat de mon nouveau vélo.
Le sable qui envahit le jardin du Luxembourg.
Le bus qui a failli me tuer (je vous en reparle...)


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mardi 22 avril 2008

Hookers guide panajachel vous dit au revoir.

C'est fait ou presque. Le périple se termine. Dans les prochains jours je savourerai mes derniers moments en Équateur et ensuite la route m'attend vers Lima, l'avion vers NY, le train vers Montréal. Faut dire que je suis pas particulièrement enthousiaste de parcourir le Pérou et ses paysages de sable désolants.

Je déteste les retours de voyage. Toujours ce vertige face au connu. Au moins cette année je reviens pour voir la parade de la coupe Stanley. Car, je vous le dit, entre les statues à la Virgen del Quinche, de Guadalupe et la Virgen del Rosario, je me suis agenouillé devant la Sainte-Flanelle. "Tout va bien aller" qu'elle m'a dit. Je lui ai demandé le CH en 16 mais elle a dit que ce serait difficile. Et comme elle n'a pas voulu me donner de chiffre j'ai compris que ça voulait dire la 25ième en 16 mais comme le CH en a déjà perdu 3 ça doit vouloir dire en 19.

Sophie, une amie qui était au Pérou cette année a écrit une citation fort intéressante sur son blog: "Certains pensent qu’ils font un voyage, en fait, c’est le voyage qui vous fait ou vous défait."

Fort vrai. Et ce voyage ce fut aussi un peu l'histoire de ce blog, que certains de vous semblent avoir suivi. Ça me fait vraiment chaud au coeur de savoir que, dans le dernier mois, même si j'ai peu écrit, vous avez été plus de 150 à visiter ces pages.

Ok, certains se sont perdus sur le world wide web. Ainsi, des utilisateurs de google ont tapés "blog lutteurs gays" et ont pu en apprendre sur Maximo, un héros contemporain mexicain. Ceux qui ont cherché "hookers guide panajachel", "zoo phile" ou "takouma ward" (!!!) ont aussi pu tomber sur philauloin.

Mais en y regardant de plus prêt j'ai appris que vous avez été très fidels. 63 d'entre vous ont tenté d'avoir de mes nouvelles plus de 25 fois. Plus inquiétant, 19 d'entre vous avez visité ce site plus de 100 fois depuis mon départ. 100 fois, à partir du même ordinateur. J'espère que vous êtes des amis ou de la famille sinon il y a des psychopates qui épient ma vie.

C'est donc un gros merci que je vous envoie. J'ai bien saluer Rémi dans un message précédent. Je me dois de saluer Danielle aussi, avec qui j'ai voyagé les 4 derniers mois. Mais finalement, je vous salue aussi, vous qui m'avez suivi. Ça me fera plaisir de prendre de vos nouvelles cet été, ou de décrire l'enfer-paradis d'un bateau brésilien surchargé.

Et ce blog a été plutôt inconstant. Certains textes bien ordinaires et d'autres que j'aime relire. Car, des 30 messages que j'ai écrit depuis mon départ, celui de l'ayahuasca demeure mon préféré.

Et ce que j'ai omis de vous dire sur l'ayahuasca c'est que ça rend le sens de l'odorat beaucoup plus puissant, et ce, pour des jours. Et c'est aussi le sens qui fait appel à la mémoire, et donc aux souvenirs.

Et ces derniers 8 mois en furent d'odeurs. Odeur de vomit à la Nouvelle-Orléans, encens dans une église catholique au coeur du Chiapas zapatiste, odeur de carré aux dates en plein coeur du Guatemala, l'odeur distinctive du propre, d'un centre d'achat ultra-moderne du Panama ou encore de ce tabac que certains soufflent dans leur nez en Amazonie. Mais aussi, l'odeur du chez-soi à La Paz ou Danielle et moi nous sommes installés, entre 2 visites pour aller sentir l'odeur de la misère à Potosi ou celle de la mer.

Et maintenant, retour au Québec. Mais qu'est-ce que ça sent? Ça sent la coupe.

Pour de vrai, je serai à Montréal samedi le 3 mai et devrais faire un party autour du 9 mai. Je vous tiens informé. En tout cas, si vous êtes pas des maniacs qui épient mon voyage 100 fois en 8 mois vous êtes invités. À pis, ok, les 19 maniacs aussi vous pouvez venir.

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vendredi 11 avril 2008

La société des loisirs... pour quelques jours encore


Après avoir quitté la Bolivie pour un long, très long parcours en bus vers l'Équateur la vie s'est à toute fin pratique arrêtée. La veille de notre départ notre propriétaire nous a expliqué pourquoi il ne recevait que des locataires étrangers: les Boliviens, ces catholiques, sont des ivrognes. Le lendemain, un panneau sur notre balcon indiquait la création d'une église évangelique...

Depuis notre arrivée en Équateur, on a rien fait. Des vacances dans les vacances. Danielle et moi sommes sur une plage, à doser nos coups de soleil et apprendre à faire du surf. Il faut dire que nous sommes physiquement en Équateur. Notre peau y est et une partie d'une dent de Danielle y restera. Le surf aura eu raison d'une de ses molaires...
Mais mentalement nous sommes déjà un peu de retour. Entre la recherche d'appart (dans mon cas), de jobs, de bourses, de papiers pour demander un visa, mes préocupations sont davantage au Québec que sur la plage. L'appart il est trouvé: direction marché Jean-Talon, au 2ième d'une boulangerie italienne. La job aussi, si on veut. Retour à l`usine 9 heures après mon retour à Montréal. Faute de mieux...

Mais il y a quelque chose d'un peu malsain à être sur internet en gougounes en se frottant les chevilles pour enlever du sable. Internet devrait être permis sur la plage mais juste pour voir les scores du hockey. Au fait, on a supplié les tenanciers du faux-vrai pub irlandais local à nous trouver un poste pour écouter la sainte-flanelle. Peine perdue. Mais il y avait des tirs de tracteurs sur un autre poste.

En fait, en cette fin de voyage, c'est à dire après 34 semaines de "sabbatique" j'ai touché à la fameuse "société des loisirs". Ce qui me trouble c'est que 34 semaines de vacances ce sera peut-être la quantité de congé que j'aurai obtenu après 17 ans de travail... Et dire que Lucien Bouchard dit que les Québécois ne travaillent pas assez.

Bon, une autre semaine de plage nous attend. Question de me faire des souvenirs à méditer à 4h du matin à l'usine.



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mercredi 26 mars 2008

La Bolivie est un long fleuve tranquille


Notre séjour de sédentarité en Bolivie se termine. Et il s'est terminé de manière un peu abrupte. Il semble que j'ai finalement dû payer pour ma bonne santé des 7 derniers mois. Donc, près de 2 ans jour pour jour après ma thrombose, j'ai dû m'alliter pour presque 4 jours. Mais tout va mieux. Et c'est avec un peu de nostalgie que je quitterai la Bolivie.

C'est un peu dur à expliquer mais j'y ai pris goût à cette Bolivie. En soi elle n'est pas fondamentalement différente de l'Équateur ou, disons, de la Colombie mais elle m'a touchée d'une manière différente. À mon retour, vous ne manquerez de me demander: "Pis, c'était quoi ton pays préféré?". En tout honnêteté, je devrai répondre la Colombie. Pour tout ce que le pays a de bouleversant, de grandiose, de festif. La Colombie est humaine. Peut-être un peu trop. Avec ses excès de passion, ses morts et ses fêtes.

Mais la Bolivie me semble représenter une force bien différente mais autant, sinon plus, impressionnante. C'est le long fleuve tranquille. Car le film s'apparente drôlement à cette Bolivie que j'ai pu connaître. 2 familles, complètement différentes qui n'auraient peut-être pas dues se rencontrer. Une histoire attendrissante sur les différences sociales.

Or, en Bolivie, l'histoire a semblée attendrissante et folklorique jusqu'à ce que les pauvres prennent le pouvoir. Et depuis, rien ne va plus. Mais ce conflit, vieux comme le monde et évidemment semblable à celui qui se produit au Venezuela, au Nicaragua, au Chili de Allende, est particulier en Bolivie.

La question raciale y est nettement plus marqué. Mais aussi, la force tranquille de ces Indiens qui, relégués à une classe inférieure depuis presque 500 ans, ne tendent plus l'autre joue mais ne giflent pas non plus. Le film La vie est un long fleuve tranquille faisait notamment entendre une chanson s'appelant "Reviens Jésus". En Bolivie, on n'attend plus un Messie. Car les valeurs religieuses semblent imprégner ces mouvements sociaux maintenant parvenus au pouvoir. L'appel au dialogue avec la détermination de changer la société pour les déshérités. Les droits humains, même ceux des ennemis d'hier qui sont souvent encore ceux d'aujourd'hui. Je vous ai raconté il y a 2 ans ma rencontre fatidique avec Hugo Chavez. Terrifiant. Celle advenue avec Evo samedi dernier a été toute autre. Quelqu'un qui est apparu bien simple, ouvert mais déterminé à faire régner la justice. Impressionnant. Si vous lisez ce blog vous savez que je m'intéresse à la politique. Or, aussi impliqué que j'aie pu l'être dans les dernières années, je me méfie des partis et, encore plus, des politiciens. Et bien, peut-être qu'une fois n'est pas coutume.


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jeudi 13 mars 2008

Il faudra que tu meures, si tu veux vivre, Bolivie



C'est une évidence que la mondialisation ne fait pas que commencer. Mais, aujourd'hui, en 2008, certains économistes bien-pensants disent à la Bolivie que la solution à ses problèmes économiques est une ouverture au marché mondial. Ils doivent se concentrer très fort pour fermer les yeux sur la ville de Potosi.

Potosi, un drôle de nom pour un bien drôle d'endroit. Le nom est synonyme de mines. Mais l'importance de Potosi au niveau mondial passe trop souvent inaperçue. Voyons voir. En 1573, 120.000 habitants, espagnols, européens divers, africains et "naturels" étaient récensés à Potosi. En 1611, ce sont 150.000 habitants qui se partagent 16 000 maisons réparties en 594 rues.

Voyons voir le reste du monde.

Londres en 1600 comptait environ 200.000 habitants. Les autochtones Lenape menaient leur vie tranquilement sur ce qui allait devenir New York ou New Amsterdam 50 ans plus tard. Québec n'était pas encore fondé, évidemment.

Alors que l'on va se pêter les bretelles de l'arrivée d'une couple d'aventuriers il y a 400 ans, cette année Potosi fête son 473 anniversaire. En fait, ce n'est pas la ville qui a 473 ans, mais la mine, qui fonctionne toujours.

Ouvrir la Bolivie au commerce mondial disent-ils. L'argent miné à Potosi est d'une valeur inestimable. La rumeur veut que l'on aurait pu construire un pont d'argent jusqu'en Europe. Selon les registres officiels, ce sont 45.000 tonnes d'argent pur qui ont été retirées de Potosi entre 1556 et 1783. Dans Don Quijote, l'oeuvre de Cervantés, le terme Potosi est utilisé pour décrire "une richesse extraordinaire".

Pour avoir un aperçu de la richesse générée au dépens des mineurs, rien ne vaut la description d'un mec de l'époque, Bartolomé Arzans.

L'auteur énumère l'origine des biens que l'on retrouve à Potosi. Je vous épargne une partie de la description.

"Allemagne, avec des épés et tous genre d'acier, Gênes avec du papier, la Calabre avec de la soie, Naples avec des chaussettes et des tissus (...) Rome avec des peintures pertinentes (!), l'Angleterre avec des chapeaux et tous types de tissus de laine, Venise avec du cristal, Chypre et les côtes africaines avec de la cire blanche, l'Inde orientale avec des cristaux, du marbre et des pierres précieuses, le Sri-Lanka avec des diamants, l'Arabie avec des parfums, la Perse, le Caire et la Turquie avec des tapis, Malaca et Goa (Inde) avec tous genre d'épices, la Chine avec des vêtements de soie extraordinaires, le Cap Vert et l'Angola avec des noirs (!), etc, etc, etc.

On parle même de chapeaux de castor venus de Nouvelle-France...

S'ouvrir au marché extérieur, qui disent...

Mais Potosi n'est pas morte. Elle n'a sans doute pas l'éclat d'antan mais la mine du Cerro Rico fonctionne toujours. Et Danielle et moi sommes allés la visiter aujourd'hui.

Certains disent que l'usine d'Alcan, pour les gens du Saguenay, est perçue comme un organisme vivant. Un organisme qui peut aller bien, être malade, qui respire. Potosi ne respire pas, mais son coeur bat. Il bat à coup de dynamite, de nitrate d'ammoniac, de marteaux-piqueurs. Potosi pleure aussi. Des milliers de litres d'eau qui coulent de ses galeries.

L'argent est bien épuisé. Après près de 500 ans d'exploitation les mineurs gagnent la loterie lorsqu'ils trouvent un filon. Il faut dire que l'once vaut 20$ sur le marché mondial. 20$: leur salaire pour 2 jours. 15.000 mineurs cherchent tout de même du zinc et d'autres métaux.

Et la vie dans ces mines, gérées par des coopératives de mineurs est le témoignage d'une époque que plusieurs poensaient révolue. L'époque des berlines, ces chariots poussés sur des rails par des adolescents. Ces hommes, plus jeunes que moi, qui, à 4 mains, pousseront près de 3000 livres sur des kilomètres.

C'est un mélange tout à fait hallucinant des mineurs de charbon de Germinal, d'Émile Zola, d'Indiana Jones et le Temple Maudit et de Donkey Kong au Super Nintendo.

Mais ce que ni la plume de Zola, ni le film, ni le jeu-vidéo ne savent rendre est ce qui rend la chose aussi bouleversante. Car le bruit et l'odeur comme dirait l'autre rendent le tout une expérience d'un autre monde. Mais ce n'est pas que le bruit d'explosion, de marteaux-piqueurs et d'eau qui dégoutte, ni tout à fait l'odeur de souffre qui créent la mine. C'est aussi la poussière, inévitable, les changements de température soudains qui vous transportent dans un autre monde, celui des profondeurs.

Car Dieu reste à la surface. Le trou, c'est le domaine du Diable. Le Tio, comme l'appellent les mineurs. Ils le respectent, lui offrent des cigarettes, des feuilles de coca qui constituent leur seule alimentation en bas, de l'alcool. Pas de la bière, de l'alcool. 96%. Ce que les mineurs boivent le vendredi, sans doute pour se prouver qu'ils sont encore en vie. La croyance veut que plus l'alcool est pur plus les métaux le seront...

On me l'a mentionné à quelques reprises. Non, je ne fais pas le voyage à motocyclette de Che Guevarra. N'empêche que la condition des mineurs chiliens est proche de celle des boliviens d'aujourd'hui. Mais ici ce sont des coopératives qui gèrent. Hé oui, la misère aussi peut être autogérée.

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lundi 3 mars 2008

Frites sauce sous les tropiques

Nous revenons du Chili, pays où nous sommes allés afin de sortir de la Bolivie pour y entrer à nouveau. Enfin. Le Chili est un bien drôle de pays, enfin, ce que 5 jours m'ont pou faire comprendre. Premièrement, les automobilistes laissent passer les piétons. Une révolution en soi. Mais le Chili c'est aussi le prédateur numéro 1 du continent. C'est celui qui a bouffé le territoire des voisins et qui ne semble pas vouloir arrêter, une dispute avec le Pérou sur des limites maritimes étant d'actualité.

Mais le Chili m'est apparu comme la frite sauce de la gastronomie québécoise. Il y a l'incontournable poutine, et à côté il y a la frite sauce. Elle lui ressemble, mais il manque quelque chose. En arrivant au terminal de bus de Arica, une ville chilienne à la frontière entre le Pérou et la Bolivie, le visiteur est accueilli par une murale indiquant: "Retournes dans ton pays, indien illégal". Le tout enjolivé d'une croix gammée. On est au Chili en 2008. Arica est aussi remplie de jeunes "emo", un style vestimentaire et musicale particulièrement... larmoyant. Est-ce la dictature de feu Pinochet qui fait pleurer la jeunesse¿

Mais parler ainsi du Chili serait faire injustice à tous les Chiliens du Québec, qui compte parmi leurs rangs un nombre impressionant de personnes dévouées à faire du Québec une société meilleure.

Pour revenir à la Bolivie, le blogue "Voix de faits" a publié un texte intéressant sur la politique du pays. Je vous invite à le lire.

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jeudi 21 février 2008

Douce Bolivie

Vous vous rappelez "Le fabuleux destin d'Amélie Poulin"? Un des meilleurs moments, a mon avis, est la courte illustration des petits plaisirs de la vie. Et des petits malheurs. Comme Amélie j'adore entrer ma main dans un récipient de noix en vrac et, comme son pere, je déteste les maillots de bain qui collent.

Or, ma vie en Bolivie m'offre tout plein de ces petits plaisirs et petits malheurs. Il faut dire que c'est vraiment des vacances. Pas beaucoup d'obligations, la vie pas chere, c'est le calme avant la tempete.

Et je vous dois de vous raconter les petites aventures insignifiantes de ma vie. Je vais fréquemment a un café internet, il y en a des centaines. Mais j'affectionne particulierement un endroit avec une télévision constamment allumée mais surtout, un Vieux. Pas un vieux, un Vieux avec un grand V. Il doit avoir 200 ans. Trop bien habillé, il fume constamment en "gérant" du mieux qu'il peut son acces au cyberespace. Car pendant que je vous écris ce message, la cigarette au bout de ses levres se consume. En fait, il oublie de jeter la cendre. Il est trop concentré. Que fait-il? Il joue a Warcraft. Warcraft c'est un jeu d'ordinateur, un genre de donjon-dragon. Il faut construire des forteresses et attaquer les ennemis. Il est passionné. Je suis touché.

Mais, la vie n'est pas que rose a La Paz. Je m'entraine environ chaque jour dans un gymnase (ma résolution 2008). Mais, o malheur, la musique diffusée est infernale. Hier je me suis tapé 3 fois en 1 heure un remix de "Je l'aime a mourrir" de Francis Cabrel. Un remix en espagnol, mi-disco, mi-tropical. Terrifiant. Tout autant que les enfants de 8 ans a l'épicerie qui m'offrent de porter mes sacs.

Et ce matin, le téléphone qui sonne. L'ambassade de France me propose un emploi. J'ai déposé mon cv a l'Alliance Francaise, un centre culturel adorable, et ils me rappellent. Ils m'offrent un emploi de bureau, temps plein pendant 2 mois. Ok, le salaire. 400$ par mois. Quoi? Je veux pas etre trop sélectif mais c'est 1/5 du salaire d'un employé temporaire chez Molson... Euh... Non merci.

Mais que faisais-je a l'Alliance Francaise? Hé bien, j'essaie d'amortir le prochain choc culturel. Car, comme j'ai eu la piqure des voyages il y a quelques années et que la meilleure facon de voyager que j'ai trouvé est celle d'étudier a l'étranger, je repartirai.

Septembre a Paris. Pour au moins un an et demi. C'est fait, j'ai été accepté pour faire ma maitrise en "gouvernance économique".

Donc, si vous voulez profiter de ma douce présence avant mon départ pour la grand-mere patrie, ce sera cet été. J'ai hate de vous voir.

Allez, a bientot!

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mercredi 13 février 2008

Nous sommes tous américains


C'est avec cette formule que certains ont manifestés leur soutien apres le 11 septembre. Et en Amérique latine, la relation avec les USA souffle souvent le chaud et le froid.

Les Mexicains ne manqueront pas de vous rappeller le vol de pres de la moitié de leur territoire, tout comme les Colombiens avec Panama, sans parler des Cubains et de leurs alliés...

Mais lorsque Danielle mets une affiche pour un échange de langues, 24 heures suffisent pour que pres de 30 personnes lui écrivent un courriel. L'anglais attire. Quoique moins que ce a quoi on pourrait s'y attendre. L'apprentissage du francais et de l'allemand est courant a La Paz.

Mais comme je vous parlais de Evo Morales, et de la mini-tentative de socialisme bolivien, les nouvelles internationales me répondent. Vous avez probablement entendu que ExxonMobil, une immense compagnie pétroliere américaine avait gelé pour pres de 12 milliards de $ des actifs de la compagnie pétroliere nationale vénézuélienne. Sur TeleSur, un poste de gauche latino-américain, on parle de guerre économique.

Mais plus pres de nous (en fait de moi), l'actualité politique est aussi fascinante. Connaissez-vous PeaceCorps?
PeaceCorps c'est un programme pour des Américains désirant faire du bénévolat outre-mer. C'est immense, et extremement populaire. Depuis sa création en 1961, 187.000 personnes auraient fait PeaceCorps. Mais PeaceCorps, en Amérique latine, est surtout connu pour envoyer des Américains naïfs et ethnocentriques dans des trous perdus.

Mais, en Bolivie, l'histoire se complique. Un étudiant, John Alexander van Schaick, qui faisait PeaceCorps, a décidé de jeter un pavé dans la marre cette semaine. Il a contacté les médias internationaux car le gouvernement américain lui a demandé d'espionner la Bolivie. En fait, de donner les noms et agissements des médecins cubains et vénézuéliens actifs dans le pays.

Pas mal non? Les USA démente l'affaire mais en Bolivie l'histoire semble prendre de l'ampleur. Qui sait, peut-etre les PeaceCorps seront-ils expulsés du pays, comme en 1961, pour une histoire semblable. Ou en Russie en 2003. Ca ne date pas d'hier. En 1981, le directeur de PeaceCorps s'inquiétait des possibilités que les volontaires soient utilisés comme espions.

Plus ca change...

Dans un autre ordre d'idée (quoique pas vraiment), CNN passera, ce samedi, un documentaire sur la fonte des glaciers en Bolivie. Vous pourrez notamment y voir des paysans se laver avec du Coca-Cola. Ce glacier était, lors de la publication de notre copie de Lonely Planet, le centre de ski le plus haut au monde. Il n'y a plus de ski. Samedi sur CNN. Si vous voulez voir le documentaire sur internet il est disponible ici.

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lundi 4 février 2008

Mardi gras...


Je suis un fan du Carnaval. Pas seulement du Carnaval de Québec (même si je ne manque jamais une parade de la Haute-Ville). Il y a 2 ans je vous ai entretenu du Carnaval dans la jungle équatorienne. Je reviens maintenant du Carnaval de Oruro, probablement un des plus importants au monde. Ok, Rémi est à Rio mais Danielita et moi avons connu un carnaval sans doute tout aussi torride, malgré le froid...


Le Carnaval a été fantastique. Face à la pudeur des Andines, des mini-jupes et de l'alcool à profusion. Un mélange de St-Jean-Baptiste et d'exorcisme. Des costumes complètement fous et une parade éternelle. On y était à 11h (on est arrivé en retard)... 17h plus tard, à 4h du matin on y était toujours. On a bien voulu aller voir le salut à l'aube, donné par un orchestre de 6000 musiciens dont plus de 1000 trompétistes (dans tes dents Beaudet!) mais malheureusement un bolivien hirsute d'environ 40 ans m'a menacé de mort car je préférais parler avec Danielle plutôt qu'avec lui.

La Bolivie est définitivement un pays intéressant. Une des raisons de notre présence ici c'est pour être témoin d'une expérience politique inédite. Le président, Evo Morales, est un autochtone, ancien paysan, qui dirige un parti socialiste. Il a été élu avec 54% des voix. Est-ce utile de préciser que Jean Charest a été élu avec 33.08%...

Or, nous avons pu, grâce à des amis, nous trouver des places dans les gradins valant environ 20$. Plutôt que d'entendre les jolis "Carnaval mardi gras" et "Pee-wee, pee-wee, pee-wee" certains membres de la foule chantaient des slogans à teneur plutôt vulgaire contre le président autochtone. Je ne suis pas assez naïf pour m'imaginer qu'un président se réclamant du socialisme fasse l'unanimité mais je ne m'attendais pas à une telle hostilité. Surtout dans un événement qui n'a rien de partisan.

Dans un pays aussi pauvre que la Bolivie (le plus pauvre d'Amérique du Sud). Qui dit Amérique du Sud dit aussi un bon niveau d'inégalité avec des milliers de personnes qui peuvent se permettre de payer 20$ pour un banc dans une estrade et des millions d'autres qui ne mangent pas à leur faim.

Je ne suis en Bolivie que depuis quelques jours mais il s'est quand même passé un tas de choses depuis mon arrivée. Entre autres, une immense inondation qui prive d'eau (!) et d'électricité environ 1/3 du pays. Aussi, pour la première fois, le gouvernement verse une pension de vieillesse aux personnes âgées, la "rente dignité".

Une pension de vieillesse. Ça semble allez de soi mais ici c'est tout simplement révolutionnaire. Tellement, que la droite du pays y est opposée.

Que doit-on en comprendre? Est-ce une bonne nouvelle que la partie riche du pays soit opposée au président? Est-ce que cela signifie qu'il travaille vraiment dans l'intérêt de la majorité appauvrie?

On aimerait bien un monde tout rose où tout le monde serait d'accord, et on chante et on rit.

Mais en Bolivie, comme ailleurs, on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs.

En prime, des photos de notre nouvelle maison.


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vendredi 1 février 2008

Salut a toi Rémi Bureau


La vie peut changer vite parfois. Dans les derniers messages de ce blog je vous annoncais mon intention de m'installer en Uruguay ou en Argentine. Voila que j'ai maintenant un bail de signé a La Paz en Bolivie! La Bolivie? Moi-meme ca me surprend.

Ca me surprend d'autant plus que le plan initial avec Danielle était de s'installer sur le bord de la mer et, entre autres choses, apprendre a faire du surf. Nous voila a 3600 m d'altitude dans un pays sans acces a l'océan.

En fait ce que Danielle et moi cherchions se trouve pas mal a La Paz, sauf le surf bien entendu. Une vie culturelle dynamique, des mouvements sociaux intéressants, une situation politique nouvelle, une ville sans trop de problemes d'insécurité.

Voila La Paz. Ok, il fait froid. C'est sur. Mais La Paz m'apparait comme la ville idéale pour s'installer quelques mois, explorer le pays et connaitre les petits recoins d'une ville pudique.

Et pourquoi "Salut a toi Rémi Bureau". Et bien, quand j'ai conté a des américaines que, apres 4 mois de périple, nos 2 lurons se sont séparés elles m'ont demandé: "As-tu pleuré?" Euh... Pas vraiment. Mais, quand meme, choisir un camarade de voyage ce n'est pas évident. Bien des mariages se défont sous la pression de l'attente de l'autobus, de la petite arnaque et de la fatigue inhérentes au voyage en sac a dos.

Mais quand meme avec Rémi je ne peux me plaindre. Je ne connais personne qui attire les clowns solitaires autant que lui. Que ce soit dans un trou du Salvador ou sur une route perdu entre deux villes amazoniennes, les clowns le saluent. Respect!

Voila, Rémi on ne se verra pas a Buenos Aires finalement. J'ai chocké ca. En tout cas, pour lui et pour les autres, on a un genre de divan dans notre appart. Si jamais vous passez par La Paz. (Je sais, c'est tres courant...)

Donc, si vous voulez nous envoyer des belles cartes postales l'adresse est:

Calle Andrés Muñoz #2552
Sopocachi
La Paz
Bolivia

Nous aurons un numéro de téléphone (cellulaire rien de moins) dans quelques jours.

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mercredi 23 janvier 2008

Des germes et des Incas



Il y a de ces questions qui vous permettent de cerner les gens. Une bonne,reprise dans Pulp Fiction: Il y a deux types de personnes, les personnes Elvis et les personnes Beatles. Qui êtes-vous? Je suis évidemment Elvis.
Une variante que Rémi m'a enseignée. Deux types de personnes. Les lecteurs de Tolstoy et ceux de Dostoïevski. Comme ni l'un ni l'autre n'avons lu les deux le mystère demeure entier.

Mais je propose une nouvelle version de la question. Il y a les fans des Mayas et les adorateurs des Incas. Je crois me rapprocher des derniers.

Car hier nous sommes allés à Machu Picchu, nouvellement sacrée "merveille du monde" dans un controversé sondage sur internet. La ville Inca ne laisse effectivement personne indifférent. De l'ampleur des constructions, à la situation géographique complètement démente, les ruines sont à couper le souffle. Nous nous y sommes rendus grâce à une marche de 4 jours dans les montagnes en empruntant ledit "chemin des Incas".

J'ai eu la chance d'en apprendre sur la civilisation Inca il y a 2 ans, lors de mon séjour en Équateur. Mais plus j'en sais et plus je souhaite en apprendre.

La veille de notre entrée triomphale à Machu Picchu, trempé jusqu'aux os après 3 jours de pluie, nous avons visité le site de Wiñaywaina. On comprend des dizaines rangées de galeries que le site servait de laboratoire pour acclimater différentes espèces de plantes. Des expérimentations agricoles. De quoi rendre jaloux mes anciens collègues d'Agriculture Canada qui travaillent sur le maïs, les patates. Des cultures des Incas...

Mes comme pour les Aztèques, parmi les récits les plus intéressants que nous avons sur les Incas, ce sont les Conquistadors qui les ont écrits. Car lorsque Pizarro arriva au Pérou en 1531, les Incas étaient déjà affaiblis et en guerre civile. Le roi Inca Huayna Capac meurt en 1527, 4 ans avant que Pizarro n'arrive sur le territoire inca. Il meut à 34 ans. Pourquoi? Ses fils se déchirent sur la succésion. Les Espagnols n'en feront qu'une bouchée.

Huayna Capac meurt à cause des Espagnols mais avant les Espagnols... En fait il meurt de la variole qui se propagea plus vite que les conquérants. Et c'est à ce titre que je vous invite à lire un livre passionnant: De l'inégalité parmi les sociétés - Essai sur l'homme et l'environnement dans l'histoire de Jared Diamond.

La traduction du titre en français est un échec lamentable. Le titre original en anglais se lit comme : "Des armes, des germes et de l'acier". Un livre accessible qui répond à de nombreuses questions sur l'évolution des sociétés humaines. Un livre imparfait mais vraiment intéressant.

Quant à moi je devrais partir dans la prochaine semaine vers le lac Titicaca et la Bolivie...

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mardi 15 janvier 2008

Et il a plu dans le désert


Hé bien, il fallait que je parle de drogue pour que les messages se multiplient sur ce blog... En fait, pour vous rassurer je n'ai pas eu trop d'effet à long terme de l'ayahuasca si ce n'est un sens de l'odorat particulièrement aigusé. Pas vraiment agréable dans certains contextes.


Depuis l'aventure amazonienne Rémi et moi avons pris l'avion (oui, oui, pour la première fois...) vers Lima où nous a rejoint Danielita. Et de là on a commencé notre petit bout de chemin vers Cuzco où nous nous trouvons présentement. Or, entre Lima et Cuzco nous avons été témoin de deux phénomènes naturels étranges. Premièrement nous sommes allé dans la petite ville de Pisco, berceau de la boisson du même nom. Mais Pisco n'existe plus. Ou presque. La ville a été vraiment secouée par un tremblement de terre en août dernier. Vous voyez donc le avant et après de la cathédrale locale. La chute de la cathédrale seulement aurait fait environ 200 morts.

Mais Pisco, tout comme Ica, qui héberge un oasis assez près du mirage, se trouvent dans des déserts. Et il a fallu que nous soyons dans le désert pour qu'il se mette à pleuvoir. Fait inusité. Et la pluie, en plus d'inonder le dortoir de Rémi a mis le feu à la facade de la rotisserie où nous mangions quelques secondes plus tôt.

Et maintenant, question de vous tenir à jour, notre belle bande de lurons au nombre de 3 est maintenant à Cuzco, cité-puma des Incas où nous devrions visiter le Machu Pichu (quelques jours après la visite de Jenna Bush, fille de l'autre, qui est ici aujourd'hui).

Et ensuite? Les plus fidels à ce blog auront noté que l'itinéraire sur la carte que je vous présentais il y a maintenant près de 4 mois et demie a été complété. Danielle et moi poursuivrons en duo dans les prochains mois. Vers où? Nous attendons des suggestions. Nous désirons nous installer, être un peu sédentaire. Argentina? Uruguay? On vous tiendra au courant.

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samedi 5 janvier 2008

Dans le prochain épisode: Philippe expérimente la drogue

Apparemment les voyages forment la jeunesse. Et comme le but de plusieurs routards est de mieux se connaître soi-même le message suivant porte sur le monde merveilleux des drogues.

Vous me connaissez. Je ne prends pas de drogue. J'ai connu les effets du cannabis pour la première fois je devais avoir 19 ans. Soit environ 5 ans après tous mes amis. Je n'étais tout simplement pas attiré par la drogue. Et, à titre d'anecdote, non seulement je peux compter sur une main les fois où j'ai été sous l'effet de drogue mais la dernière fois que j'ai fumé du pot a été plutôt étrange. Un ami, Jesse "Jewish like me" m'invite à "inaugurer" sa nouvelle pipe. Hé ben, une inauguration de pipe. Je ne comprends pas. Mais comme la maladresse de Jesse n'a d'égal que son grand coeur, j'accède à la demande, pour lui faire plaisir. Je me suis donc retrouvé évaché sur un divan en train de regarder un des pires match Canadiens-Buffalo de l'histoire en me demandant: "Mais pourquoi est-ce que les Sabres ont échangé Grant Fuhr, mais pourquoi donc?"

Et hormis ces quelques essais avec le cannabis, jamais de trucs chimiques, que ce soit des pilules, de la cocaïne ou des champignons. J'ai entendu parler de drogues pour étudier mais je ne bois même pas de café...

Mais qui dit Amazonie dit chaman...

Voici donc, dans l'ordre, mes tentatives de la semaine dernière.

-Une espèce de tabac râpé qui se sniffe. Je comprends toujours pas l'effet ou l'utilité.
-Une goutte de tabac sur la langue. Même chose que le précédent.
-Ensuite, une sorte de poudre de coca mélangé avec quelque chose comme des cendres. Les autochtones que nous avons rencontrés aux 3 frontières gardait une immense quantité de cette poudre dans leurs joues, ce qui faisait des nuages de poudre verte quand ils parlent. Le guide nous dit que ça lui coupe l'appétit et que ça donne de l´énergie. Pourtant, à part une légère sensation dans une joue je n'ai rien senti. J'ai mangé avec appétit et baillé. Ça marche pas cette affaire là.

-Et là on passe aux choses sérieuses. L'ayahuasca.

Ok, j'ai toujours détesté écouter les gens parler de leur expérience de drogue mais là comme c'est ma seule je n'ai pas le choix de vous entretenir là-dessus. D'autant plus que j'entre dans la légende en ayant fait une drogue que même le mythique Tak n'a pas fait...

L'ayahuasca est une liane de l'Amazonie qui, mélangée avec une autre plante, un espèce d'arbuste, et préparée en potion est un puissant hallucinogène. Le Rough Guide, un guide de voyage, avertit que c'est beaucoup plus puissant que le LSD.

C'est donc dans un trou perdu de la jungle, à environ 150 km de Iquitos (la plus grande ville au monde sans accès terrestre) que Rémi et moi avons fait la connaissance de Madame Ayahuasca et de Juan, notre chaman et ami devant l'Éternel.

L'ayahuasca est préparée par les chamans pour avoir des visions dans un esprit curatif et mystique. Je raconte un peu la cérémonie. À 20h30 précises Rémi et moi allons dans une pièce de ce camp de jungle. Dans la pièce se trouve 2 coussins, un tas de bottes de caoutchouc et Juan, le chaman. Il nous explique la plante et nous avertit: "Chacun a sa chaudière personnelle". Je savais déjà que la prise de l'ayahuasca faisait vomir...

Je commence. Juan me sert un verre de cette potion rougeâtre. Les chandelles éclairent la pièce. Je fait un toast et je cale. Ensuite je dois me gargariser avec un liquide transparent complètement dégueulasse et cracher dans la chaudière, vierge jusqu'à ce moment. L'ayahuasca comme telle a un goût amer. Pas si pire que ça mais drôlement tenace. Rémi m'imite et le chaman se sert un petit verre, le quart de notre ration. Il nous demande de garder le silence et de nous concentrer pendant 15 minutes.

Je me croise les jambes et essaie de respirer profondément, de relaxer. Le temps passe. Probablement plus de 15 minutes. J'ai la sensation d'être en train de me balancer tranquilement. Mon cerveau, le personnage principal de la soirée, se demande: "Hé ben, peut-être que ça commence à faire effet." Quelques minutes plus tard je me couche sur le coussin. Et là "On roule à Monaco".

Je commence à voir des espèces d'étoiles mauves. Correct. Mon estomac commence à pas trop feelé mais c'est pas si pire. Environ 30 minutes plus tard, j'entend Rémi commencer le long et pénible emplissage de sa chaudière. Et là je commence à m'inquiéter. Par souci de clarté on appellera ici "Cerveau" la partie lucide de mon esprit et "Conscience" la partie qui capote complètement.

"Cerveau" dit: "Ouin, faudrait peut-être que je vomisse moi aussi. Je voudrais pas garder l'ayahuasca trop longtemps dans mon corps et faire une over-dose." "Conscience" répond: "As tu vu le poisson? Pareil comme ceux que l'on a vu en apnée au Panama." "Cerveau se tait et regarde Conscience regarder le poisson.

Juan demande: "Tout va bien?". Ma bouche fait un espèce de son incompréhensible. Ça veut dire oui. Le chaman comprend. Il a l'expérience, c'est un chaman. Pendant ce temps il agite une branche avec des feuilles. Ça fait l'effet d'un stroboscope dans ma tête. Tout clignote. C'est plutôt agréable. Ensuite il sifflera et chantera une espèce de berceuse.

Environ une demie-heure plus tard le ventre n'en peut plus. Je vomit énergiquement. Je cherche frénétiquement ma chaudière. Mon corps se bat. Il veut se vomir lui-même. J'ai des hauts-le-coeur tellement violents j'ai l'impression que c'est l'intestin au complet qui va sortir par la gorge. Je me recouche.

Et l'autre côté du tube digestif se manifeste. Cerveau se dit: "Ouin, faudrait penser aller aux toilettes." Conscience répond: "T'es malade. C'est physiquement impossible et de toute façon comment on dit "Cross-check" en français?" Cerveau a oublié. Il se tait.

C'est le début d'une guerre féroce entre le Cerveau et le tube digestif. Car tous les muscles de mon corps sont complètement paralysés. Je ne suis pas couché, je suis dans le coussin. Mieux, je suis le coussin. Lever un bras serait comme lever 500 lbs.

Au bout d'un moment je n'en peux plus. Je gromelle quelque chose. Le guide qui assiste à la cérémonie me prend par la taille et me traîne tranquillement aux bécosses. Et là, j'hallucine complètement. La lumière est instable. Je ne suis pas capable de marcher. Je m'arrête à chaque 3 pas pour cracher. Conscience hallucine complètement. Et elle entraîne tout le reste du corps. Sauf Cerveau qui voit tout aller, complètement lucide. Il se dit: "Voyons, c'est pas compliqué marcher. Un pas devant l'autre. On doit vraiment faire pitié à voir." Après la petite demie-heure aux toilettes, le guide me ramène à la cérémonie. Et la pendant que Cerveau prend des notes mentales de ce qui se passe Conscience se déchaîne. Elle voit des milliers d'images. Comme des diapositives qui tourneraient super rapidement pendant des heures. Et des images sans aucun lien entre elles. Mais toutes concrètes. Un poisson, Albert Einstein, quelqu'un qui donne du sang, une guitare en feu, la tour Eiffel, un magasin IKEA, ma prof de 2ième année, un chameau. Et ça continue. Je vois mon ami Javier dans un écran d'ordinateur et une image qui approche. "Voulez-vous aller aux toilettes?" Cliquer sur Oui ou Non. Je veux faire Cancel mais je ne peux pas. L'image s'aggrandit et se raproche.

Tout ça pendant des heures. À minuit Juan nous indique l'heure et nous dit que nous devrions aller dans nos lits, que nous ne serons plus malades. Le guide déplace Rémi. Je fais un dernier petit vomit pour remercier le chaman et lui montrer mon appréciation. Je rentre me coucher.

Impossible de dormir. Mon cerveau est trop actif. Vers 6h30 je me léverai finalement, encore étourdi. Je vais me laver dans la rivière. Je me porte mieux. Je suis reposé. Je souris.

C'était l'ayahuasca. Une bonne expérience que je ne referrai jamais de toute ma vie. Car l'ayahuasca ne m'a rien enseigné. Elle m'a seulement montré que je me connaissais déjà assez bien.

Je ne suis pas fait pour la drogue. En fait c'est plutôt le contraire. La drogue n'est pas fait pour moi.

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