lundi 4 février 2008

Mardi gras...


Je suis un fan du Carnaval. Pas seulement du Carnaval de Québec (même si je ne manque jamais une parade de la Haute-Ville). Il y a 2 ans je vous ai entretenu du Carnaval dans la jungle équatorienne. Je reviens maintenant du Carnaval de Oruro, probablement un des plus importants au monde. Ok, Rémi est à Rio mais Danielita et moi avons connu un carnaval sans doute tout aussi torride, malgré le froid...


Le Carnaval a été fantastique. Face à la pudeur des Andines, des mini-jupes et de l'alcool à profusion. Un mélange de St-Jean-Baptiste et d'exorcisme. Des costumes complètement fous et une parade éternelle. On y était à 11h (on est arrivé en retard)... 17h plus tard, à 4h du matin on y était toujours. On a bien voulu aller voir le salut à l'aube, donné par un orchestre de 6000 musiciens dont plus de 1000 trompétistes (dans tes dents Beaudet!) mais malheureusement un bolivien hirsute d'environ 40 ans m'a menacé de mort car je préférais parler avec Danielle plutôt qu'avec lui.

La Bolivie est définitivement un pays intéressant. Une des raisons de notre présence ici c'est pour être témoin d'une expérience politique inédite. Le président, Evo Morales, est un autochtone, ancien paysan, qui dirige un parti socialiste. Il a été élu avec 54% des voix. Est-ce utile de préciser que Jean Charest a été élu avec 33.08%...

Or, nous avons pu, grâce à des amis, nous trouver des places dans les gradins valant environ 20$. Plutôt que d'entendre les jolis "Carnaval mardi gras" et "Pee-wee, pee-wee, pee-wee" certains membres de la foule chantaient des slogans à teneur plutôt vulgaire contre le président autochtone. Je ne suis pas assez naïf pour m'imaginer qu'un président se réclamant du socialisme fasse l'unanimité mais je ne m'attendais pas à une telle hostilité. Surtout dans un événement qui n'a rien de partisan.

Dans un pays aussi pauvre que la Bolivie (le plus pauvre d'Amérique du Sud). Qui dit Amérique du Sud dit aussi un bon niveau d'inégalité avec des milliers de personnes qui peuvent se permettre de payer 20$ pour un banc dans une estrade et des millions d'autres qui ne mangent pas à leur faim.

Je ne suis en Bolivie que depuis quelques jours mais il s'est quand même passé un tas de choses depuis mon arrivée. Entre autres, une immense inondation qui prive d'eau (!) et d'électricité environ 1/3 du pays. Aussi, pour la première fois, le gouvernement verse une pension de vieillesse aux personnes âgées, la "rente dignité".

Une pension de vieillesse. Ça semble allez de soi mais ici c'est tout simplement révolutionnaire. Tellement, que la droite du pays y est opposée.

Que doit-on en comprendre? Est-ce une bonne nouvelle que la partie riche du pays soit opposée au président? Est-ce que cela signifie qu'il travaille vraiment dans l'intérêt de la majorité appauvrie?

On aimerait bien un monde tout rose où tout le monde serait d'accord, et on chante et on rit.

Mais en Bolivie, comme ailleurs, on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs.

En prime, des photos de notre nouvelle maison.


1 commentaire:

Anonyme a dit...

On continue à te lire! Et tu es toujours aussi marrant. Bravo pour ce move inusité de vous installer à La Paz - je suis sûre que vous aller avoir un fun fou. Et personnellement, je suis bien contente d'avoir un "insider" en Bolivie parce qu'on entend des tas de choses sur Morales, et que j'ai hâte d'entendre ta version des faits!