lundi 26 novembre 2007

Pablo Escobar ce zoologiste

J'espère ne pas vous avoir saoûlé avec mes histoires de Kusturica et de réalisme magique mais je tiens à poursuivre dans la même veine. C'est que ce pays ne finit pas de me surprendre. En fait, si je vous demande de nommer un seul colombien à qui pensez-vous? À la merveilleuse Shakira? Non, à Pablo Escobar. Ok, vous verrez que celui-ci est partie intégrante du réalisme magique colombien.

Pablo Escobar, on le sait, a été un des hommes les plus puissants du monde en contrôlant le cartel de Medellín qui fournissait sans doute la moitié de la planète en cocaine. Mais, le type est plus excentrique. Hier, Rémi et moi, en plus de trois membres de la famille Pardo qui nous héberge, regardions des photos de famille sur un ordinateur. Déjà en soi c'est un peu particulier. Il faut dire qu'on était tous avachés sur un lit simple et que c'était la mère de la famille qui insistait pour regarder des images d'un zoo à 11h moins quart. Parmi les images du zoo il y a des éléphants, des zèbres, des tigres, brefs, pleins d'animaux exotiques. Au fait, j'avais déjà eu ma dose de zoo quand Rémi m'a trainé au zoo de Cali...

Mais la discussion de la famille Pardo sur les animaux du zoo prit une drôle de dérive. D'hippopotames ils se mirent à parler de Pablo Escobar... Et voici que l'on entend une légende urbaine comme seule la Colombie peut en inventer. Mme. Pardo de nous dire que Pablo Escobar a fait venir des hippopotames d'Afrique et que ceux-ci se sont reproduits et sont maintenant incontrôlables. On n'en est pas à notre première légende sur ledit Pablo.

Dans notre tout nouveau guide de voyage, le Lonely Planet 2001... on raconte que les barons de la drogue ont proposé aux politiciens de payer toute la dette extérieure du pays en échange d'une persécution moindre. Si c'est pas des bons payeurs d'impôts ça...

Mais, le truc des hippopotames il est vrai. Les 4 bêtes achetés par Escobar au coût de 3000$ par tête sont toujours vivantes. Et plusieurs années après la mort du baron de la drogue elles se portent plutôt bien. En fait, un peu trop bien. Les 4 sont devenues 16. Trop lourds pour être transportés, les hippopotames sèment la terreur chez les paysans qui occupent le domaine maintenant confisqué à la famille Escobar. Le gouvernement colombien a proposé de les donner mais personne n'est preneur.

Et pendant ce temps, les hippos se promènent en meute et bouffe la végétation locale. En plus de mystifier les spécialistes en étant les premiers de leur espèce à se reproduire hors d'Afrique.

Si c'est pas magique ça?

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dimanche 18 novembre 2007

Kusturica, ce Colombien


La Colombie. Je l'attendais avec impatience et je l'ai trouvée. En fait, pour ceux et celles qui lisent mon blog depuis un moment vous vous souviendrez de mes impressions de la Colombie lors de cette odyssée d'autobus entre Quito et Caracas. Et je continue d'etre charmé.

Car le style d'écriture de Gabriel Garcia-Marquez n'aurait pu voir le jour dans un autre pays. Il semble que tout dans la Colombie prédestinait cette terre a accoucher du réalisme magique. Le réalisme magique? Le terme fait sourire mais est étrangement approprié. Dans un univers tout a fait réaliste surgit quelque chose de surnaturel, de merveilleux, non vraiment, quelque chose de magique.

Vous avez vu le film Underground d'Emir Kusturica? Non? Allez le voir immédiatement. Tout va bien, tout est normal est un orchestre sort de nulle part, un singe prend les commandes, des animaux de ferme prennent la vedette. Un film réaliste, mais magique.

Et ce n'est pas un hasard que ce soit Kusturica qui soit passé maitre du genre au cinéma. Il est serbe. Ou plutot yougoslave. Dans un cours d'espagnol a l'université une camarade de classe, lorsqu'interrogée sur ses origines, répondait immanquablement, sans broncher : "Je suis yougoslave". Mais la Yougoslavie n'existe plus qu'elle se fait répondre dans tous les cas. "Elle existait a ma naissance."

Car, je ne suis jamais allé en Yougoslavie mais je l'imagine exactement comme je vis la Colombie en ce moment. Un capharnaüm de guerre civile, d'alcool et de fete. Un immense party ou tout le monde chante "Kalashnikov, kalashnikov" au son de Goran Bregovic et de l'Orchestre des Mariages et des Enterrements.

Et la Colombie a quelque chose d'insaisissable, un peu comme un pays qui n'est plus que dans le souvenir des gens. Un pays ou il y a une guerre civile, dit-on, mais qui ne s'arrete pas de vivre pour autant. Et plein de réalisme magique.

N'est-il pas magique que a Medellin, au coeur du plus grand producteur mondial de cocaine, Rémi se fasse carter pour acheter de l'alcool. Et comme dans Chat noir, chat blanc, un chat fait son apparition dans notre dortoir.

Et que dire de l'apparition soudaine et imprévue d'un bidet dans une salle de bain, n'est-ce pas magique ça? Oui, presque tout autant que celle de l'eau chaude dans une auberge de jeunesse de Medellin.

Mais, vraiment, il y a une chaleur, une passion qui est dur a saisir. Je sort rarement dans des "discotheque". Mais pourquoi, dites-moi, aie-je finit par danser avec une esthéticienne de 19 ans, petite grosse, qui s'appelle Jessica? Ca, nul ne le saura. Jamais je ne me verrais faire ca au Québec. Mais il y a ici un charme a dire, "Ok, merci, bonne soirée." et a rentrer chez soi. Un charme encore une fois insaisissable. Un petit quelque chose d'attendrissant, sans plus. Un peu comme Te souviens-tu de Dolly Bell ? toujours du grand Kusturica. Ou Dino, adolescent serbe, chante son amour pour une strip-teaseuse avec du rock italien. "Con ventiquattro mila baci..."

Colombie magique! Kusturica, un des plus grands!

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lundi 12 novembre 2007

Laisse béton

Honnêtement, je n'avais nullement l'intention de vous entretenir de questions existentielles dans ce message. Je voulais plutôt discourir sur la beauté du corail et la stupidité du capitaine qui nous mena en bateau du Panama à la Colombie. Panama, en passant, un pays fort étonnant et intéressant.

Hélas, je sort à peine d'une des nuits les plus folles de ma vie. Je ne saurais décrire les odeurs, les bruits, la moiteur assez bien pour que vous compreniez. Dans tous les cas, Rémi et moi avons été téléportés en plein dans un roman de Sergio Kokis Le pavillon des miroirs, la moiteur et les odeurs du Carnaval de Rio se sont déplacés à Cartagena en Colombie pour la fête d'Indépendance de la ville. En passant, Joana, c'est Rémi qui as ton livre...
Mais, qui dit fête de rue, dit alcool et qui dit alcool peut aussi vouloir dire gros colon qui veut se battre. Le colon en question, un Irlandais, jurais dur comme fer qu'un type tentait de lui voler son porte-feuille. Probablement vrai. Mais après lui avoir fait une clé de bras en plein milieu de la foule il s'est mis dans la tête (ou en fait dans l'apendice qui dépasse de ses épaules) de régler le compte du pauvre colombien. Eille, on est en Colombie!!! Il n'y a pas de raisons de se faire des peurs sur ce pays davantage que sur un autre, mais tu commences pas à chercher le trouble quand même. Pour vous faire comprendre, dans les fêtes de Quito, quand j'étais en Équateur, il y a eu 26 morts. Imaginant déjà la foule en train de lyncher l'Irlandais je m'interpose pour lui "suggérer" de lâcher le bras du pick-pocket, que puisqu'il ne s'est pas fait voler aussi bien en arrêter là, que davantage de trouble ne servira à rien. Bin vla tu pas que l'Irlandais se met à m'insulter et à me provoquer. Son amie en rajoute. On finira par s'en aller, se croisant les doigts pour qu'un Colombien plus prime que nous termine le cas du rasé irlandais à grands coups de chaîne de vélo. Laisse béton. Je crois que nous avons bien agi mais il reste que, par moments, la testostérone veut parler et que ce mec se méritait un bon coup de tête en plein nez. Au moins. Et, la vapeur, dans la société moderne, peut rarement être évacuée. Je dois dire que mes cours de kick-boxing ont fait des miracles à ce sujet. Il y a quelque chose de thérapeutique à frapper dans quelqu'un, à éviter les coups de l'adversaire et à aller prendre une pinte ensuite avec l'autre "joueur". Ok, j'ai l'air d'un psychopate comme ça mais, cette rudesse dans la camaderie doit libérer des toxines ou quelque chose comme ça parce que ça fait du bien.
En revenant sur le sujet des gros colons dans un bar cubain, un ami du pays de Galles y va de sa théorie. "Vous savez, les français vous avez une relation différente à l'alcool. Vous êtes plus posés et cherchez moins le trouble." La même théorie avait déjà été énoncée par Sophie, sur son blog que vous lisez sans doute. Mais pour de vrai, y a t'il quelque chose à comprendre à ce que notre principale chanson à boire commence par "Ami, ami" et que la seule chanson anglaise du type qui me vient en tête s'intitule "Drink, motherfucker, drink"? Et pourquoi, la quintessence de la bonne saoulerie termine pour moi en chantant à tue-tête Jonquière de Plume, J'ai couché dans mon char de Richard ou Hier encore d'Aznavour.
Mais au delà des habitudes de saoulerie différente, la nuit d'hier a soulevée la question de la violence. Ce n'est pas pour rien que le film Fight Club a fait une onde de choc aussi intense chez tant de jeunes. Mis à part la brutalité évidente du film ce qui en ressort va au-delà de la simple bataille. C'est le désoeuvrement de tant de jeunes occidentaux qui s'est vu mis à nu dans ce film. Comment oublier un passage comme: "La publicité nous fait courir après des voitures et des fringues, on fait des boulots qu'on déteste pour se payer des merdes qui ne nous servent à rien. On est les enfants oubliés de l'Histoire. On n'a pas de but ni de vraie place. On n'a pas de grande guerre. On n'a pas de grande dépression. Notre grande guerre est spirituelle. Notre grande dépression, c'est nos vies."

Je vous souhaite à tous et toutes un peu de kick-boxing et la sagesse de savoir quand ne pas s'en servir. Demain dans le journal, un Irlandais assassiné. J'en suis sûr...

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vendredi 2 novembre 2007

Gougounes et autres impertinences

Déjà le Panama! Car entre le Nicaragua et le Panama il y a aussi le Costa-Rica. Ces 3 pays nous ouvrent un univers de possibilités pour les comparer et les distinguer.

En quittant le Québec mes bagages étaient bien faits. Plutôt, je croyais avoir emmenés tout ce dont j'allais avoir besoin. Tout sauf un article: des gougounes. Car je savais pertinnement que j'allais avoir besoin de sandales pour prendre ma douche mais je repoussais la date fatidique de l'achat des dites gougounes constamment. Car, il en est de même pour le permis de conduire, c'est un mélange de paresse et de peur qui fait que je repousse l'échéancier depuis maintenant 6 ans... J'ai finalement acheté des gougounes au Mexique et un nouveau monde s'est offert à moi. Un monde qui m'attendais et que j'espérais avec appréhension, celui de la séparation des orteils. Aucun autre soulier ne provoque une rupture aussi violente entre les orteils que la gougoune. Le gros orteil est, par essence, séparée des autres. Il y a apartheid. Et les orteils peuvent être gentilement comparées à des pays. Car si le gros orteil domine sans l'ombre d'un doute le pied, on ne peut marcher que grâce à la présence des 4 dominées qui, malgré que majoritaires, restent discriminées, mises à côté. Le gros orteil, peut-être anxieux de disparaître sa domination, construit une barrière presque infranchissable. Je dit presque, parce que, comme moi, vous avez sans doute vécu l'expérience douloureuse d'un orteil qui, lorsqu'on descend une côte les pieds mouillés, passe de l'autre côté. Pénible, et bien éphémère. Or, certains orteils, fatigués de se faire écraser par le gros, ont tentés de s'organiser. Et ça donne parfois de drôle de résultats. Ainsi, dans les campagnes nicaraguaiennes on voit des tracteurs avec des drapeaux du Venezuela et de... l'Iran. En effet, le Nicaragua sandiniste tisse des liens avec l'Iran, ce pays de "l'axe du Mal". Le Guatemala a rétabli le mois dernier des relations diplomatiques avec la Corée du Nord. Mais le gros orteil ne reste pas impassible à cette organisation des petits. Les États-Unis ont donc réussies à faire signer au Costa-Rica un traité de libre-échange. Libre-échange? L'orteil costa-ricain, de taille moyenne, pourra passer l'autre côté de la courroie. Non. Évidemment. Libre-échange de tout sauf des humains. Les moins importants de l'affaire.

Et cette strap entre le gros orteil et les autres ne pourrait être plus claire que dans le cas du Panama. Demain, on fêtera à grand coup de drapeaux l'indépendance de Panama. Or, les pays de la région fêtent leur indépendance de l'Espagne. Panama célèbrera son indépendance de... la Colombie. En 1903, les États-Unis, anxieux de construire le canal de Panama, incitèrent les futurs Panaméens à se séparer de leurs frères et soeurs colombiens. La manoeuvre fut concluante et les USA controlèrent le Canal pendant près de 100 ans.
Quel avenir pour les petits orteils? Se couvrir de vernis pour attirer les spéculateurs fonciers comme au Costa Rica ou une révolution sandiniste pour unir les petits orteils comme au Nicaragua?

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