lundi 12 novembre 2007

Laisse béton

Honnêtement, je n'avais nullement l'intention de vous entretenir de questions existentielles dans ce message. Je voulais plutôt discourir sur la beauté du corail et la stupidité du capitaine qui nous mena en bateau du Panama à la Colombie. Panama, en passant, un pays fort étonnant et intéressant.

Hélas, je sort à peine d'une des nuits les plus folles de ma vie. Je ne saurais décrire les odeurs, les bruits, la moiteur assez bien pour que vous compreniez. Dans tous les cas, Rémi et moi avons été téléportés en plein dans un roman de Sergio Kokis Le pavillon des miroirs, la moiteur et les odeurs du Carnaval de Rio se sont déplacés à Cartagena en Colombie pour la fête d'Indépendance de la ville. En passant, Joana, c'est Rémi qui as ton livre...
Mais, qui dit fête de rue, dit alcool et qui dit alcool peut aussi vouloir dire gros colon qui veut se battre. Le colon en question, un Irlandais, jurais dur comme fer qu'un type tentait de lui voler son porte-feuille. Probablement vrai. Mais après lui avoir fait une clé de bras en plein milieu de la foule il s'est mis dans la tête (ou en fait dans l'apendice qui dépasse de ses épaules) de régler le compte du pauvre colombien. Eille, on est en Colombie!!! Il n'y a pas de raisons de se faire des peurs sur ce pays davantage que sur un autre, mais tu commences pas à chercher le trouble quand même. Pour vous faire comprendre, dans les fêtes de Quito, quand j'étais en Équateur, il y a eu 26 morts. Imaginant déjà la foule en train de lyncher l'Irlandais je m'interpose pour lui "suggérer" de lâcher le bras du pick-pocket, que puisqu'il ne s'est pas fait voler aussi bien en arrêter là, que davantage de trouble ne servira à rien. Bin vla tu pas que l'Irlandais se met à m'insulter et à me provoquer. Son amie en rajoute. On finira par s'en aller, se croisant les doigts pour qu'un Colombien plus prime que nous termine le cas du rasé irlandais à grands coups de chaîne de vélo. Laisse béton. Je crois que nous avons bien agi mais il reste que, par moments, la testostérone veut parler et que ce mec se méritait un bon coup de tête en plein nez. Au moins. Et, la vapeur, dans la société moderne, peut rarement être évacuée. Je dois dire que mes cours de kick-boxing ont fait des miracles à ce sujet. Il y a quelque chose de thérapeutique à frapper dans quelqu'un, à éviter les coups de l'adversaire et à aller prendre une pinte ensuite avec l'autre "joueur". Ok, j'ai l'air d'un psychopate comme ça mais, cette rudesse dans la camaderie doit libérer des toxines ou quelque chose comme ça parce que ça fait du bien.
En revenant sur le sujet des gros colons dans un bar cubain, un ami du pays de Galles y va de sa théorie. "Vous savez, les français vous avez une relation différente à l'alcool. Vous êtes plus posés et cherchez moins le trouble." La même théorie avait déjà été énoncée par Sophie, sur son blog que vous lisez sans doute. Mais pour de vrai, y a t'il quelque chose à comprendre à ce que notre principale chanson à boire commence par "Ami, ami" et que la seule chanson anglaise du type qui me vient en tête s'intitule "Drink, motherfucker, drink"? Et pourquoi, la quintessence de la bonne saoulerie termine pour moi en chantant à tue-tête Jonquière de Plume, J'ai couché dans mon char de Richard ou Hier encore d'Aznavour.
Mais au delà des habitudes de saoulerie différente, la nuit d'hier a soulevée la question de la violence. Ce n'est pas pour rien que le film Fight Club a fait une onde de choc aussi intense chez tant de jeunes. Mis à part la brutalité évidente du film ce qui en ressort va au-delà de la simple bataille. C'est le désoeuvrement de tant de jeunes occidentaux qui s'est vu mis à nu dans ce film. Comment oublier un passage comme: "La publicité nous fait courir après des voitures et des fringues, on fait des boulots qu'on déteste pour se payer des merdes qui ne nous servent à rien. On est les enfants oubliés de l'Histoire. On n'a pas de but ni de vraie place. On n'a pas de grande guerre. On n'a pas de grande dépression. Notre grande guerre est spirituelle. Notre grande dépression, c'est nos vies."

Je vous souhaite à tous et toutes un peu de kick-boxing et la sagesse de savoir quand ne pas s'en servir. Demain dans le journal, un Irlandais assassiné. J'en suis sûr...

1 commentaire:

Sophie Zhang a dit...

Alors, des nouvelles d'un Irlandais battu à mort dans les journaux?

Oui, je serai toujours à Huallanca en janvier. Tu m'écriras avant d'arriver au Pérou!