dimanche 18 novembre 2007

Kusturica, ce Colombien


La Colombie. Je l'attendais avec impatience et je l'ai trouvée. En fait, pour ceux et celles qui lisent mon blog depuis un moment vous vous souviendrez de mes impressions de la Colombie lors de cette odyssée d'autobus entre Quito et Caracas. Et je continue d'etre charmé.

Car le style d'écriture de Gabriel Garcia-Marquez n'aurait pu voir le jour dans un autre pays. Il semble que tout dans la Colombie prédestinait cette terre a accoucher du réalisme magique. Le réalisme magique? Le terme fait sourire mais est étrangement approprié. Dans un univers tout a fait réaliste surgit quelque chose de surnaturel, de merveilleux, non vraiment, quelque chose de magique.

Vous avez vu le film Underground d'Emir Kusturica? Non? Allez le voir immédiatement. Tout va bien, tout est normal est un orchestre sort de nulle part, un singe prend les commandes, des animaux de ferme prennent la vedette. Un film réaliste, mais magique.

Et ce n'est pas un hasard que ce soit Kusturica qui soit passé maitre du genre au cinéma. Il est serbe. Ou plutot yougoslave. Dans un cours d'espagnol a l'université une camarade de classe, lorsqu'interrogée sur ses origines, répondait immanquablement, sans broncher : "Je suis yougoslave". Mais la Yougoslavie n'existe plus qu'elle se fait répondre dans tous les cas. "Elle existait a ma naissance."

Car, je ne suis jamais allé en Yougoslavie mais je l'imagine exactement comme je vis la Colombie en ce moment. Un capharnaüm de guerre civile, d'alcool et de fete. Un immense party ou tout le monde chante "Kalashnikov, kalashnikov" au son de Goran Bregovic et de l'Orchestre des Mariages et des Enterrements.

Et la Colombie a quelque chose d'insaisissable, un peu comme un pays qui n'est plus que dans le souvenir des gens. Un pays ou il y a une guerre civile, dit-on, mais qui ne s'arrete pas de vivre pour autant. Et plein de réalisme magique.

N'est-il pas magique que a Medellin, au coeur du plus grand producteur mondial de cocaine, Rémi se fasse carter pour acheter de l'alcool. Et comme dans Chat noir, chat blanc, un chat fait son apparition dans notre dortoir.

Et que dire de l'apparition soudaine et imprévue d'un bidet dans une salle de bain, n'est-ce pas magique ça? Oui, presque tout autant que celle de l'eau chaude dans une auberge de jeunesse de Medellin.

Mais, vraiment, il y a une chaleur, une passion qui est dur a saisir. Je sort rarement dans des "discotheque". Mais pourquoi, dites-moi, aie-je finit par danser avec une esthéticienne de 19 ans, petite grosse, qui s'appelle Jessica? Ca, nul ne le saura. Jamais je ne me verrais faire ca au Québec. Mais il y a ici un charme a dire, "Ok, merci, bonne soirée." et a rentrer chez soi. Un charme encore une fois insaisissable. Un petit quelque chose d'attendrissant, sans plus. Un peu comme Te souviens-tu de Dolly Bell ? toujours du grand Kusturica. Ou Dino, adolescent serbe, chante son amour pour une strip-teaseuse avec du rock italien. "Con ventiquattro mila baci..."

Colombie magique! Kusturica, un des plus grands!

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