mardi 11 septembre 2007

Ou vous vous entêter à jeter vos villages


Hé oui! Déjà un message du lointain Mexique. Enfin, je dois jaser un peu de notre escale à la Nouvelle-Orléans, ville mémorable s'il en est. Non, je ne vous parlerai pas de l'odeur de vomit permanente sur la rue Bourbon ni de la chaleur suffocante mais plutôt du mystère qu'est toujours pour moi cette ville.



Car la Nouvelle-Orléans c'est une grande ville ou il n'y aurait pas dû y avoir de ville. Car lorsque De Bienville traça les plans de la ville en croissant il a fait preuve de négligence criminelle. Établir un
e ville de cette taille en plein marécage, sous les tropiques, et surtout, sous le niveau de la mer c'est de la folie pure. Mais la Nouvelle-Orléans a survécu avec son apport d'esclaves noirs, d'autochtones, de français, d'espagnols, de cajuns, d'anglais, etc. Ce joli mélange donne son caractère à la ville. Elle me fait beaucoup penser à Naples de par ses influences françaises et espagnoles mais aussi par son défi aux éléments. Naples sous le Vésuve, la Nouvelle-Orléans fouettées par les tempêtes. Et la ville se remêt péniblement de Katrina. Les cicatrices sont profondes et encore fraîches. Un panneau affiche: "Recovery is a marathon, not a sprint". On ne saurait mieux dire. Car la ville, et surtout les quartiers les plus pauvres, ont souffert terriblement. En fait, il semble que la Nouvelle-Orléans soit l'oeuvre terminé d'un Dieu jouant à Sim-City. Vous savez, après avoir construit une ville de taille dans ce jeu d'ordinateur, lorsque la ville a atteint une population respectable mais néanmoins inférieure à celle des villes environnantes (comme Atlanta ou Houston), on ajoute du défi. On choisit les catastrophes et on les envoit sur la ville. Juste pour voir. C'est un peu ça la NO. On envoie un houragan, et puis un autre, des inondations, du pillage et on coupe dans le budget. Deux ans plus tard, certains immeubles sont rénovés, d'autres comme la Croix-Rouge, certains hôpitaux, la moitié des écoles et bon nombre de maisons attendent tranquillement que les assurances débloquent et pendant ce temps se font manger par les termites.
Par un drôle de concours de circonstances on se ramasse dans un lounge de jazz, le Mother-in-Law, appartenant à Antoinette, veuve du jazzman K-Doe. Pendant qu'elle fait frire du poisson et nous conte les histoires de sa ville le téléphone sonne. Elle explique à son interlocuteur que "non" elle ne veut pas aller chez Oprah. Que la dernière fois elle a juste parlé de Katrina et qu'elle est tannée. Pendant sa conversation j'en profite pour remarquer son habillement. Un t-shirt trop grand qui indique: "New Orleans, I don't know why I love you but I do". C'est pourquoi la Nouvelle-Orléans, qui, comme le dit le musée, n'est pas la ville la plus au sud des USA mais bien la ville la plus au nord des Caraibes, hé bien, elle survivra.

1 commentaire:

bureaujac50 a dit...

Philippe, merci pour cette introduction historique et sociologique à la Nouvelle-Orléans.

Bon voyage et mille découvertes à Rémi et à toi!