dimanche 23 septembre 2007

Ceci n´est pas une ville

Seriez vous capable d´écrire, en 600 mots, un texte décrivant le Canada? Moi non plus. Hé bien, que personne ne me demande de décrire Mexico. Devant une tache semblable on ne sait jamais par ou commencer.

Pour vous faire une image c´est comme pour manger un hamburger géant. Doit-on s´attaquer à la viande, au pain, à la salade une chose à la fois ou tenter d´ingérer le tout dans le désordre. Je sais pertinement bien que si je vous parlais de la mezcaleria de La Condesa, de la bibliothèque d´Andrea, du musée Léon Trotsky, de la fete d´Indépendance, des pyramides précolombiennes, des vendeurs ambulants, du musée d´Anthropologie, de la vierge de Guadalupe, etc. Hé bien, non seulement vous feriez une indigestion mais vous cesseriez probablement de lire mon blog. Donc, je ne m´attarderai pas sur ces événements, personnes et lieux. Vous vous renseignerez lors de mon party de retour.

Plutot je tiens à vous partager une particularité de notre périple. Nous n´allons nul part. Ça semble bizarre à dire mais ça l´est encore plus à expliquer à des étrangers. "Quoi, vous etes partis du Canada en bus et vous n´allez nul part?" Exactement. En fait, pour bien comprendre faisons une analogie avec un phénomène mexicain inimitable auquel nous avons pu assister: la Lucha Libre. La Lucha Libre c´est la lutte mexicaine. Incroyable. En voyant mon voisin montréalais vendre des masques de lutte sur la rue je ne m´étais pas douté de l´importance de ce "sport" au Mexique. Donc, nous sommes allés dans un aréna avec Kay, une amie rencontrée au Venezuela, nous avons payé $5,50 et nous sommes allés dans la galerie.

La Lucha Libre, comme le voyage, compte ses "tecnicos", les bons et les "rudos", les méchants. Les rudos tiennent leurs supporters, très bruyants, qui chantent en coeur "Chinga tu madre", une insulte savoureuse destinée à tous les autres spectateurs. Les tecnicos du combat comptèrent parmi leurs ranges l´inimitable Maximo, lutteur gay dont vous admirez la binette. Dans notre voyage on a eu notre lot de tecnicos qui rendent le périple heureux. Il s´agit de penser aux clients du bar Rio de la Plata qui nous saluent et nous font la jasette, comme ça. Sans rien attendre de nous que le désir sincère de se faire des amis. Kay et son père passionné de musique cubaine qui souhaite ardemment partager cette passion. La famille d´Andrea, une amie de Rémi, qui nous a accueilli si généreusement. Mais il y a aussi les rudos, les méchants, qui trichent éhontément pour blesser et humilier les tecnicos. On a aussi connus nos rudos. Des anglais saouls qui réveillent tout un dortoir, des vendeurs de souvenirs qui harcèlent Rémi qui transporte le sac de vomit qu´il vient de remplir sur le temple de Quetzacoatl, un bouncer portant, et ce à deux reprises, des t-shirts nazis...

Or, comme à la Lucha Libre, dans le voyage la destination compte peu. Qui se rappelle vraiment si Maximo, Mistico ou Devil 666 ont gagné leurs combats? L´issue du combat est dénuée d´intéret. Ce qui compte c´est le parcours. Les rudos sont adorables. On adore les détester. Ils sont essentiels au spectacle. De meme que la tourista de Rémi n´aurait été aussi inoubliable sans les vendeurs de souvenirs.

Et jusqu´à maintenant notre parcours va très bien. Nous en sommes à Oaxaca, bientot en route vers le Chiapas et peut-etre le Yucatan. Et ne vous inquiétez pas, il y a pas mal plus de tecnicos que de rudos. Et prendre le métro en pleine heure de pointe en plein centro histerico de Mexico est toute une aventure. Mais, avoir poussé, s´etre fait poussé et écrasé, comme le dit Rémi, la différence avec Paris c´est que ici les gens sourient. Et vlan!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Merci Philippe de nous partager ton vécu d'errant par tes commentaires et des descriptions captivantes!