lundi 1 octobre 2007

Choc culturel



Rémi et moi quitterons bientot le Mexique. En fait, au moment ou vous lisez ces lignes nous sommes probablement déjà au Guatemala. Je vous enverrai un message après notre passage dans les ruines de Tikal question de se pencher sur les civilisations pré-colombiennes. Mais pour l´instant restons en à des enjeux plus légers: le surf et la révolution.

Car après Puebla et Oaxaca on a été faire du surf à Puerto Escondido, sur la cote Pacifique. Et Puerto Escondido, petit village touristique, peut se vanter d'avoir les vagues qui cassent le plus rapidement au monde. C'est donc un oasis "baba cool" comme le dit le routard oú les surfeurs trainant leurs planches et leur attitude se rassemblent dans une bulle. Et le surf? Pas facile. Avec une vague (rassurez-vous il y avait des plages pour débutants), il y a sommes toutes 3 options. 1- Voguer, 2-Laisser passer la vague, 3-Se faire ramasser.

Voguer. C'est un peu ce qu'on a fait avec le Mexique. On a parcouru le pays en 3 semaines. J'ai réussi à surfer une seule vague aussi.

Laisser passer la vague. Ça a été l'action la plus commune lors des séances de surf. Il faut trouver "La" bonne. En voyageant on a aussi consciemment et inconsciemment omis de visiter tant d'endroits. Difficile de ne pas etre amer mais, c'est dur à expliquer, on a pas tout notre temps meme si on voyage pendant des mois. Le Mexique est un pays si riche, si complexe que l'on pourrait y passer un an, si ce n'est une vie à essayer de le déchiffrer et à le surfer.

Se faire ramasser. Ça c'est quand tu quittes Puerto Escondido pour le Chiapas. Le Chiapas est cette région mexicaine où une guérilla, l'Armée Zapatiste de Libération Nationale, s'est soulevée en 1994 et tente depuis ce temps de créer des zones autonomes dans la région. On a quitté la bulle de Puerto Escondido et deux jours plus tard, Antoine, un ami de McGill habitant au Chiapas nous parlait sur son cellulaire, nous disant que dans un village pas loin c'était très chaud, que les paramilitaires avaient menacé une communauté zapatiste, etc.

L'image que je me faisais des Zapatistes n'était absolument pas conforme à la complexité de la situation politique mexicaine. En fait, je croyais que la présence zapatiste au Chiapas, dans des villes comme San Cristobal, Palenque ou d'autres serait évidentes, voire que le groupe contrôlerait effectivement ces villes et que les Zapatistes y seraient majoritaires. Erreur. En fait, à San Cristobal ce ne sont pas les graffitis et magnifiques pochoirs qui manquent mais c'est beaucoup plus compliqué que ça. On a aussi la chance de passer par le Chiapas pendant les élections municipales.

On s'est donc rendu à San Andres Sakamch'en de los Pobres pour l'ouverture du marché. En fait, ce village de 6000 personnes, surtout des Totzils, une ethnie autochtone, est divisé. Il y a environ 60% de zapatistes. Les autres sont probablement partisans du PRI, le parti qui a dirigé le Mexique pendant 70 ans. En fait, pour distinguer les Zapatistes des Priistes et des autres, pas évident. Les Zapatistes ne boivent pas d'alcool, c'est sûrement ce qui, pour les étrangers que nous sommes, est un signe distinctif le plus facile à identifier.

Ce qui distingue sans doute la rébellion zapatiste c'est la bonté. Différentes des autres armées révolutionnaires, l'EZLN ne prend pas les armes. Elle demeure armée mais ne combat pas. Étrange. Et la lutte pour l'autonomie de l'État n'est pas de tout repos. Car chez nous l'existence de "l'État", une structure de pouvoir et de gouvernement particulière va pas mal de soi. Les fonctions de l'État sont débattues mais son existence est rarement remise en question. Les Zapatistes souhaitent vivre à l'écart de l´État, de son système de justice, de ses impôts, de ses militaires et de son système éducatif. Ainsi, à San Andres les Zapatistes ont refusé d'utiliser le marché construit par l'État. Ils l'ont par la suite occupé (tout comme l'école et l'hôtel de ville) et ont instauré des services autonomes dans ces bâtiments. Le marché est maintenant fonctionnel, avec eau potable et électricité. Et ce, sans l'appui de l'État, ce qui enrage les détracteurs des Zapatistes, avec, en premier lieu, les partisans du PRI. Alors que les Zapatistes sont menacés de mort par des groupes paramilitaires proches du PRI, ils consacreront une partie du marché aux familles priistes. Par bonté. Pour ne pas diviser davantage la communauté. Or, lors de la fête d'ouverture du marché on lisait davantage d'inquiétude que de joie sur les visages des autochtones. Le combat pour l'autonomie n'est pas de tout repos... mais il n'est pas mort.

Et pendant ce temps là à Palenque, une autre ville du Chiapas, Rémi et moi assistions aux défilés des partis politiques pour les élections municipales. Des centaines de supporteurs du PAN, de la Convergencia, du PRD et d'une demie-douzaine d'autres partis affichent leurs couleurs et défilent dans la ville humide. Aucune trace des Zapatistes. On les cherchent, on veut aller les rencontrer. On finira par renoncer, personne ne sachant nous dire comment se rendre à leur quartier général régional, le Caracol Roberto Barrios.

Avant de quitter pour le Guatemala on va voir les ruines mayas de Palenque. Sur le chemin un panneau: "Vous êtes en territoire zapatiste" avec une étoile rouge. Juste à côté, une maison avec un drapeau du PAN, le parti au pouvoir. Compliqué que je disais...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Salut Phil! J'ai bien aimé que tu décrive un peu la complexité de l'organisation des Zapatistes. C'est cool qu'ils aient réussis à occuper une école, je suis curieuse de savoir à quoi ressemble une école auto-gérée là bas.

Bonne continuité!

Eveline

Anonyme a dit...

TU AS L'AIR DE GAEL GARCIAS!!!
WOUH... Y'E BEAU MON COUSIN
XXX
MARJ