jeudi 25 juin 2009

L'appel de la laveuse frontale


J'ai largement négligé ce blog au cours des dernières semaines. Pour une seule raison: je n'avais pas le goût d'écrire. En fait, quand je suis au Québec je ne publie pas sur un blog. C'est un outil pour donner des nouvelles de voyages. Et là, depuis quelques semaines, je ne veux pas être en voyage. Je veux rentrer.

Depuis les 7 dernières années j'ai été extrêmement chanceux. J'ai eu la chance de vivre en Italie, en Équateur, de travailler au Venezuela, de partir en sac-à-dos vers les Amériques, d'aller étudier en France. Mais, trop c'est comme pas assez. Je m'ennuie.

J'ai rencontré des Québécois sur une plage de Sardaigne. Ils me parlaient d'une place de sandwich à Québec. Un resto dont j'ignorais l'existence. Et là me dirent "Ha, peut-être que ça fait trop longtemps que t'es parti." Le choc.

En fait ça n'a pas pris un instant de lucidité comme ça pour me convaincre de rentrer au bercail. J'ai eu une année magnifique à Paris, fait des amitiés que j'espère durables et découvert une ville incroyable. Mais j'ai le sentiment que je dois me poser. C'était un sentiment qui, en fait, ne m'a jamais quitté. Je suis trop attaché au Québec. Mais là il a pris le dessus sur le goût des découvertes et de l'aventure.

J'ai tenté en vain de convaincre le directeur de mon programme de me laisser faire la 2e année à Montréal. En vain, jusqu'à avant-hier. Le rapport de force a changé. On me permet d'aller à Concordia. On m'y encourage. C'est une des meilleures nouvelles de ma vie. Jusqu'à présent.

Ce n'est pas que je n'étais pas bien à Paris. C'est que je suis frustré par combien m'a vie est faite de moments éphémères. La dernière fois que j'ai passé 2 années d'affilée dans la même ville c'était il y a presque 5 ans. J'ai besoin de m'investir dans des projets, des causes, des relations.

Par un drôle de miracle, (si je suis accepté) je ferai le diplôme de deuxième cycle en développement économique communautaire. En français. Comme c'est un programme qui se donne la fin de semaine, je vais essayer de me trouver un emploi ou un stage.

Soudainement, ma vie a changé du tout au tout. L'art de se revirer sur un 10 cennes. Moi qui croyais passer un été en Amérique finirai par me chercher un appartement et une job. Tant mieux. Ceci dit, je ne veux pas nécessairement me trouver une maison à Repentigny avec une piscine hors-terre. Mais je veux m'installer. Avec une laveuse frontale si possible.

Mort du blog.




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lundi 8 juin 2009

Voici pourquoi je vais en Sardaigne


Plutôt que de payer un loyer parisien, pourquoi ne pas vivre dans une tente sur la plage. Je pars en Sardaigne une semaine. Pour étudier...
Une image vaut mille mot.

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mercredi 3 juin 2009

Trois petits épisodes français


Au cours de la dernière semaine (comme à pas mal toutes les semaines) j'ai été confronté au fameux choc culturel. Petit récit d'une visite en trois temps chez les Français: fourrière municipale, école de coiffure et conférence.

À la Maison d'Argentine on a un espèce de pigeonnier où arrive notre courrier. J'y vais par habitude même si je reçois surtout des factures (snif, snif). Une belle enveloppe: Police de Paris. Ahhh! Qu'est-ce que j'ai fait? Petit examen de conscience en 4 secondes. Non, pas de drapeau des Tigres tamouls, pas d'imprécations ni de téléchargement illégal.

Bonjour M. Morin,

Nous avons le plaisir de vous annoncer que nous avons retrouvé votre titre de séjour.

En effet, en France on doit constamment avoir su soi une pièce d'identité. Remarquez ce n'est pas obligatoire chez nous au Canada. Et j'avais "égaré" la mienne depuis une date indéterminée. Je pensais bien la retrouver bientôt mais je ne m'en souciais pas trop. Je me suis donc présenté au bureau des objets trouvés de Paris: le pays des merveilles.

Imaginez, plus de 170 000 objets par année sont amenés à la fourrière. En 1936 seulement, on a ramené 17000 parapluies. Ça donne une idée. Moi, je n'y crois pas à ce genre d'endroit. Pas plus que les autres chanceux autour de moi. Il y a de tout. De vieilles photos d'archives montrent un type avec un tiroir immense rempli de montres. Ça date des années 30. Alors que j'attendais, une fille a reçu son appareil photo géant et une autre, complètement excitée, son portefeuille. Elle l'ouvre et se met à crier: "Il y a 120 euros! Je n'avais même pas 120 euros!". Le pays des merveilles vraiment. C'est sûrement la meilleure place de la bureaucratie française pour travailler. Tout le monde il est content. On ne va là qu'après avoir reçu la lettre donc il y a comme une vibe étrange. Un espèce de gaz hilarant dans la pièce. Tout le monde se salue. Un peu comme sur un bateau.

Et il y a les malheureux. Les chauffeurs de taxi. Ils débarquent en courant. Enragés. Un chauffeur chinois devant moi: "Quel con ce connard qui a oublié son téléphone dans mon taxi". Pour eux, c'est peut-être un client de moins dans leur journée alors qu'ils sont aux "Objets trouvés". Autre fait cocasse: il y a des panneaux sur la rue annonçant les Objets trouvés à des kilomètres à la ronde. Ça a été très facile se rendre. Peut-être pensent-ils que ceux qui perdent leur trousseau de clé ont aussi un mauvais sens de l'orientation. J'aimerais vraiment voir la collection d'objets les plus absurdes. Ça doit dépasser l'entendement. Pour une prochaine fois. Et comme je suis pas le seul "étourdi" voici un reportage sur la "Caverne d'Ali Baba" On y apprend entre autres que certains oublient des robes de mariages, des casquettes de l'Armée rouge, des crânes humains et pleins d'autres niaiseries.

Ensuite, dans la même journée, je suis allé me faire couper les cheveux Gare du Nord. En fait, on m'avait parlé d'une école de coiffure mais j'avais oublié de quoi avait l'air le coin de la Gare du Nord. En y allant en vélo j'ai soudainement compris. Sur le boulevard Sébastopol il y a quelque chose comme 100 coiffeuses africaines. Les salons sont minuscules mais pleins à craquer. Et là je me suis demandé si j'arriverais là, le seul blanc et le dernier client avec des cheveux non-crêpus à faire rager une étudiante (ou un étudiant).

Mais non, finalement c'était une école plutôt normale. On chargeait 8 euros. Bon prix pour Paris. "Mais non, vous êtes étudiant? C'est gratuit." Là, je sens l'arnaque. On me fait un shampoing et mes yeux se tournent vers un panneau: le contrat du coiffé. On y lit que l'on doit avoir amplement de temps, qu'on ne doit pas discuter et, surtout, qu'on doit être prêt à un changement radical.

Ça n'a pas été un changement radical mais ça a pris 2h. Et l'apprentie-coiffeuse était en panique absolue. Elle ne m'a jamais parlé de mes cheveux mais posaient des questions aux professeurs sur l'examen. Elle était vraiment stressée et a même connue une chute de pression. J'étais rassurée. En fait, elle ressemblait à une certaine Marisol, amie proche de mon copain Drouin. Tsé, Drouin, une espèce de matante précoce. Même pas 30 ans mais déjà tellement matante. Épeurant, une Marisol auburn et marocaine.

Et le comble du choc culturel français, la conférence de Howard Zinn.

J'aime la bière. J'adore le jus de tomate. Mais je suis absolument incapable de supporter un mélange des deux.

J'aime les Français. J'aime aussi les personnes âgées. Mais je suis absolument incapable de supporter un mélange des deux. Or, hier, c'était vraiment le cercle de l'âge d'or du Monde Diplomatique. Il y a même eu de la bataille au micro. Ça y allait de commentaires déplacés en traduction simultanée complètement fausse. La "traductrice" était une "spécialiste" de l'oeuvre de Zinn mais absolument pas une traductrice. Elle dit: "military force" quand Zinn dit "violence" et, encore pire, "Kosovo" quand lui a dit "Yugoslavia". Les questions posées n'étaient pas des questions mais plutôt des allocutions pour montrer l'éloquence et la culture de la personne au micro. Bref, un désastre de conférence.

Et Howard Zinn. Très bien. Il a parlé seulement une quinzaine de minutes, préférant prendre les questions de l'auditoire. Il s'est exprimé en français et a fait preuve d'une modestie et d'un sens de l'humour tout à fait mignon.

Sur ce je serai de retour dans moins de 3 semaines. Êtes-vous prêts?

Photo: un rouleau de cuivre égaré dans le métro.

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lundi 25 mai 2009

Les promoteurs me répondent...

Je vous parlais de revitalisation. Quelques articles de votre côté de l'Atlantique me font écho.

Et pour citer les promoteurs de GM Développement: « On va peut-être se faire lancer des tomates, mais ils sont tous dans le quartier : les danseuses, les femmes violées, les seringues (Point de repère), Rendez-vous centre-ville, Lauberivière, soupire Mme Marcon. On nous demande de faire de la mixité, mais ce n’est plus de la mixité, s’il y a trop d’organismes communautaires, ça devient des ghettos. C’est toujours le social contre les gros méchants promoteurs. »

La suite dans le fabuleux Journal de Québec où une série d'articles sur le quartier donne une bonne idée des "développeurs". Quelques belles citations:

"Le couple Campeau-Marcon (GM Développement) parle de Saint-Roch comme s’il s’agissait de leur bébé."
"Ça prendrait au minimum 1 000 unités de condos de plus pour augmenter le nombre de résidants ayant un pouvoir d’achat intéressant".

L'article a au moins le mérite de rappeler qu'au cours des 15 dernières années 415 millions de dollars ont été investis mais que le revenu moyen des ménages est de 26 959 $ soit la moitié de la moyenne de la ville de Québec...

Il est passé où cet argent?



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jeudi 14 mai 2009

Le Grand Pari: Bruxelles, Montréal, Québec


Vous en avez peut-être entendu parler, le Grand Pari. Mister Sarkozy a convié une dizaine d'architectes et d'urbanistes "de classe mondiale" pour imaginer un Paris différent, un Paris de l'an 2030. En fait, cela a touché une corde sensible chez moi, comme chez beaucoup de monde. Québec est ma ville. Je l'aime. Profondément. Montréal, mon lieu de résidence. Je commence à l'aimer. Bruxelles... Au moins y'a de la bière.

Si ce n'étais pas clair avant: je suis urbain. Un de mes bons amis, Beaudet, vient de déménager à Bécancour. Il s'est trouvé une job à St-Léonard d'Aston. 3 lignes sur wikipédia. Courage Beaudet. Je sais que c'est ça que tu souhaitais mais personnellement, je ne peux me résoudre à déménager dans une telle campagne. En fait, je pense que, dans mon for intérieur, j'aimerais venir d'un trou. Un St-Élie de Caxton, les Îles-de-la-Madeleine ou Harrington Harbour. Mais c'est un fantasme. Non, je ne déménagerai pas là. C'est comme venir de la Nouvelle-Orléans. On en rêve tous secrètement. Mais jamais on y déménagera. Trop chaud. Trop... Je sais pas. Pas assez aussi.

Un peu comme Naples aussi. On peut souhaiter en être originaire. En fait, on ne veut pas y vivre, on veut être Napolitain. Aussi bien dire que c'est impossible. Et c'est correct comme ça.

Mais, justement, c'est ce qui fait que l'on devrait se préoccuper à changer, à améliorer d'où on vient. Commençons par Paris.

Les plans des amis de Sarko sont sympathiques. On parle de verdure, de jardins sur les toits, de transports efficaces, de commerces de quartier. En fait, ça a bonne presse de donner des millions à des visionnaires et de critiquer les "locaux" qui souhaitent de la verdure, des jardins sur les toits, des transports efficaces, des commerces de quartier d'"immobilisme" mais pour tu-suite. Je vous le demande: y a t'il déjà eu un concept aussi sournois et vide de sens que celui d'immobilisme?

Au Québec il est de bon ton de critiquer ceux qui ne veulent pas d'une ville vivante en 2030 mais plutôt maintenant. Il y a une paranoïa à propos du Plateau-Mont-Royal. À en croire certaines lignes ouvertes ou journalistes patentés, le Plateau serait une espèce de grande loge de la franc-maçonnerie où se déciderait l'avenir du monde et le génocide des banlieusards.

J'ai ma petite idée là-dessus. En fait, j'ai travaillé pendant 2 étés pour des groupes communautaires de ce quartier. Y a t'il des riches sur le Plateau? Certainement. Sont-ils majoritaires. Non. Le quartier est un des plus pauvres du Québec. Statistiques à l'appui.

L'équivalent de Québec du Plateau serait peut-être un hybride entre St-Jean-Baptiste et St-Roch. Le site web QuébecUrbain est un trésor pour les amoureux de l'urbanisme et de l'architecture de Québec.
Et dès qu'il y ait question de St-Jean-Baptiste, une horde d'internautes, méprisant à qui mieux-mieux les habitants du quartier, ne jurent que par la hauteur. À les écouter il faudrait construire une Tour Montparnasse à l'îlot Berthelot. Exit le logement et la vie de quartier. En fait, le discours est particulièrement hypocrite. On dit d'un côté: il est irrationnel de construire du logement social (des coopératives) dans un endroit aussi central. De l'autre on dit qu'il faut éviter de faire des ghettos de pauvres. Donc, pas de ghettos de pauvres au centre-ville. Mais à Bardy là c'est pas grave. C'est l'inverse du pas dans ma cour. C'est pas dans mon centre-ville.

Connaissez-vous le Village de l'Anse? Un immense complexe d'habitation pour pauvres. 400 logements. La dernière fois que j'y suis allé c'était pour assister à une méga-bataille à genre 50 contre 50. La police a débarqué illico (ça fait pas loin de Victoria...) C'est une cité à l'image des cités françaises. Emmurée, complètement artificielle, éminemment multi-ethnique. On y vit pas pire qu'ailleurs mais les dangereux visionnaires qui l'ont créé n'y vivent certainement pas.

Car ce qui fait la vie de quartiers comme St-Jean-Baptiste où St-Roch ce ne sont pas les grandes firmes de haute-technologie attirées par les congés de taxes à répétition, ni les parcs construits à coup de millions de dollars et où la police débarque quand on se trempe les orteils dans la fontaine. C'est la diversité du tissu urbain. Ben oui, il y a des punks, des prostituées et des mendiants. Ben oui, c'est ça une ville.

Car dans toutes ces revitalisations, de St-Roch à Pointe-St-Charles, à quoi redonnent t'on la vie? En fait, la question est fausse. Ce qu'on a reproché à St-Roch ce n'était pas seulement la fermeture de dizaines de commerce mais le fait que le quartier était bien vivant. Ça dérangeait. Revitaliser a voulu dire chasser. À quoi bon créer des emplois si c'est pour en exclure les résidents? La madame qui parlait à ses souliers dans le mail St-Roch elle a tu trouvé une job à Ubisoft? Non. Elle a été forcé de déménager. Ailleurs. Dans St-Sauveur, Limoilou, Charlesbourg, Beauport.

À mon avis, la rue St-Joseph est plus terrifiante maintenant qu'il y a 10 ans. Ok, en 1999, il fallait craindre le Chinois qui marchait avec une canne et la tête vraiment croche. Ou bien, on regardait le monsieur qui a une malformation géante du nez et on se trouvait chanceux d'être nous-même aussi beaux et en santé. Maintenant, après 17h la rue est déserte. Avant il y avait de l'animation 24h.

C'est pas pour idéaliser le passé. Il y avait des problèmes dans St-Roch. Comme il y en a dans St-Jean-Baptiste ou à Pointe-St-Charles. Des problèmes de pauvreté, de logement, de chômage, d'exclusion, d'analphabétisme. Quand la nouvelle chocolaterie fancy de la rue St-Joseph fait une campagne pour faire fermer la soupe populaire évangélique de la rue du Pont c'est parce qu'on est passé à côté de la track pas à peu près.

Sur Québec Urbain on se plait aussi à casser du sucre sur le dos du comité populaire St-Jean-Baptiste. C'est quand même une organisation unique, qui a su survivre depuis plus de 30 ans. Et qu'est-ce qu'on reproche au compop? D'avoir créé la Fête du Faubourg? Une joujouthèque où l'on peut emprunter des jouets? De faire la promotion du logement social où se côtoient résidents pauvres et moins pauvres et commerces de proximité. Ou bien de souhaiter une "rue partagée" où piétons, cyclistes et automobilistes cohabitent. Ha bon! Une rue partagée. Exactement les plans futuristes de l'Anglais Richard Rogers invité par Sarko.

C'est bon avoir des projets osés, innovateurs. Est-il nécessaire de demander à des experts? Comme dirait Renaud:

"Tes H.L.M. sophistiqués. On n'en veut pas nous nos maisons. On s'les construira nous même. Sur les ruines de tes illusions."

Ou bien pour citer un autre chanteur populaire: "Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi !"

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dimanche 3 mai 2009

Pendant ce temps là au Sri Lanka


Au cas où vous ne le saviez pas, le 1er mai est, depuis plus d'un siècle la Journée internationale des travailleurs et travailleuses. C'est une grande célébration de ceux qui travaillent (en opposition à ceux que la Bourse engraisse sur le travail des autres). Même si la date du 1er mai fait référence à un événement aux États-Unis, honnêtement, quand je suis allé fêter le Premier mai à New-York l'an dernier c'était plutôt triste. En fait, la tradition s'est perdue aux États-Unis où pratiquement seuls les immigrants mexicains et équatoriens sortent dans la rue. À Montréal elle vivote selon l'humeur des syndicats. Ce n'est pourtant pas un hasard si lorsque le salaire minimum augmente cela se fait le 1er mai...

Mais en France par-exemple!

En fait, le 1er mai c'est vraiment un rituel. À tous les sens du terme. Premièrement, en me rendant à la grande manifestation avec des amies italiennes (avec qui j'avais été au Premier mai italien il y a 7 ans!) on passe acheter de quoi manger et boire. Et là on réalise que partout dans la rue il y a des gens qui vendent des fleurs. Du muguet. Pourquoi? En 1941, Pétain rend le 1er mai férié. Curieux. Mais il remplace la fleur d'églantine, associée à la gauche, par le muguet. Les pauvres et les syndicats du début du siècle ont le droit de se financer en vendant du muguet, le 1er mai seulement. Alors encore aujourd'hui tout le monde vend du muguet.

Ensuite on arrive au point de rassemblement place Denfert-Rochereau. Beaucoup de monde. Ce qui retient surtout l'attention c'est une musique ATROCE jouée beaucoup trop fort et à laquelle une dizaine d'iraniens communistes font de la danse en ligne.

Au cours de la journée il y eut quelques curiosités.

-Le cortège des nerds.
L'État français est présentement en train de voter une loi (appelée loi hadopi) qui serre la vis au partage de fichier, à l'informatique libre, etc. Donc, derrière une bannière, une centaine d'hommes blancs à lunettes et avec des pinchs, chemises mangas détachées sur un t-shirt avec une blague incompréhensible à ceux étrangers à la culture des hackers. Quand même rafraîchissant de voir que ce genre de public, normalement enfermé devant un écran d'ordinateur, considère pertinent de se mêler aux sans-papiers et aux ouvriers.

-La direction sanitaire de la région Seine-St-Denis affiliée à la CGT.
Il y a des centaines, voire des milliers de syndicats avec des camions qui vendent du rhum (!!!) et font jouer de la musique. Quelle musique? Ce camion jouait la chanson "La manifestation" des Cowboys Fringants. Bizarre. De fait, il y a eu un beau soleil toute la journée (fériée) de vendredi.

-Mais surtout, les Tigres tamouls. Je ne connais à peu près rien sur les Tamouls. Ce que j'en sais maintenant c'est que c'est un peuple hindouiste en Inde et au Sri-Lanka qui revendique son autonomie de l'État Sri-lankais officiellement bouddhistes. Il y a une guerre civile depuis plus de 35 ans. En fait, je sais que les Tigres tamouls sont une organisation dite terroriste selon l'Union européenne et le Canada.

À Paris, il y a une importante communauté tamoule dans le 18e arrondissement. En fait, ce qui étonne dans ce quartier c'est non seulement les commerces avec des affiches en faveur des Tigres tamouls mais aussi le quartier général des Hells Angels parisiens dont vous voyez la photo. Drôle de ville.

Au Premier mai il n'y avait pas de Hells mais des Tamouls ça il y en avait en masse. La semaine dernière plus de 200 tamouls ont été arrêtés et une centaine d'autres placés en "garde à vue" lors d'une manifestation qui s'est conclue par des affrontements avec la police. En fait, tout ça est vraiment étrange. En France il y a bien des affrontements entre des jeunes dits issus de l'immigration mais pas avec des Tamouls.

Et au Premier mai il y avait facilement 5000 tamouls marchant ensembles avec des milliers de drapeaux des Tigres et portant souvent des t-shirts de l'organisation révolutionnaire et des portraits des commandants militaires du groupe. Ça semblait vraiment très bien organisé.

Le plus troublant dans tout ça ce n'était pas le nombre (quoiqu'incroyable) mais les slogans. Des centaines de jeunes filles qui s'expriment dans un français parfait et qui scandent "Médias français, parlez de nous" a quelque chose de spécial. Plus de 1500 morts en quelques semaines et pas une nouvelle qui filtre. Car au delà de la légitimité des Tigres (qui ont peut-être plus à voir avec leurs voisins motards que ne l'admettraient les participants à la manifestation) c'est l'hypocrisie des puissances occidentales qui est soulignée. Dans ce cortège, des dizaines de pancartes avec une question: "Vous avez aidé le Kosovo, pourquoi pas nous?"

On a pas le temps d'y penser, il faut paranoier sur la grippe porcine.

Photo: Le drapeau des Tigres tamouls flottant au-dessus du lion de Denfert. (Toute la faune y était).
Le QG des Hells.

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mercredi 22 avril 2009

La nage papillon dans ma chambre


Il y a deux jours je vous parlais d'accessibilité aux études. Les événements font que je n'ai pas le choix d'en parler encore aujourd'hui. En fait, j'ai décidé cette année que je ne travaillerais pas cet été. Ça doit être l'air de la France (ici travail et études ne se conjuguent pas, en tout cas, pas à Sciences Po). Prendre un été "off". Me gâter. Mais, c'était un peu risqué. Je contracterais une espèce de dette sur l'avenir. Car, ma bourse de Sciences Po ne couvre évidemment pas les mois d'été. Et je dois faire un aller-retour vers le Québec, me nourrir, etc. C'était une "wild-card". Car, depuis le mythique été de mes 14 ans où je vendais des macarons du festival d'été (à l'époque à 8$) je n'ai pas trop chômé pendant la belle saison. Cet été là j'ai fait 800$ en 10 jours. J'étais millionnaire. Faut dire que j'avais travaillé pour à peu près 2$ de l'heure pendant 3 semaines avant aussi (On était payé à commission, 80 cenne du macaron. La belle époque). Mais j'aime mieux faire le calcul juste sur 10 jours. L'été de mes 15 ans je suis allé en France avec l'école. Je n'ai pas travaillé donc. Et puis, le Capitole, les Six-Associés et le Festival d'été, le Capitole (prise II) ET les Six-Associés (burnout anticipé), creuser des trous pour Agriculture Canada, le Regroupement des Comités Logements, Molson et l'été dernier Molson (prise II), un groupe communautaire de Montréal et un contrat de traduction pour McGill.


Au moins, y'a eu de la diversité.

Pendant ce temps je me suis ramassé un peu de sous pour me taper le voyage avec Rémi et Danielle que vous avez suivi l'an dernier. Et bien, j'ai le plaisir de m'annoncer que cet été j'emmène Antoine à la poursuite des cowboys de l'Ouest canadien et américain. Ensuite, j'ai la ferme conviction de me prélasser sur les terrasses, devenir le king de la pétanque de la Petite-Patrie et aller m'empiffrer de homard en Acadie. Car, contre toutes attentes, j'ai reçu une bourse de maîtrise du Fonds de Recherche sur la Culture et la Société. Un bon montant disons. Même en euros, ça fait encore un bon montant. Je dis contre toutes attentes parce que l'an dernier j'avais appliqué et j'avais des attentes. Le 22 avril (même date) j'ai lu fébrilement le email de l'organisation gouvernementale. J'ai été débiné pendant un bout. J'avais confiance en mon dossier. Je suis arrivé 9e sur 12. Ils prenaient les 3 premiers. Même pas proche. Un peu comme Canadien contre Boston.

Cette année je reçois le email du comité. Là, je l'ouvre en me disant: "Maudit, j'avais pourtant une belle journée. Il fait soleil, j'ai gagné mon match de pétanque quotidien". Et là, mes yeux ne voyaient même pas clairs. Je cherchais la phrase désastreuse, la pogne. Parce que la semaine passé je me suis fais avoir comme jamais.

J'ai appliqué pour la bourse Max Lazard visant à aider un étudiant de Sciences Po à réaliser un voyage à l'étranger. Mon projet consistait (consistera?) à aller en Algérie pour étudier comment un syndicat algérien tente de s'inspirer du Fonds de solidarité de la FTQ. Comme la proposition des héritiers de Max Lazard mentionnait que le type en question avait consacré sa vie à la lutte contre le chômage je me disais que mes chances étaient bonnes. On me téléphone. La madame du service des bourses me fait comprendre que "Votre proposition a beaucoup impressionné le comité" et ensuite me rappelle pour être certaine du titre de mon projet. J'avais l'impression qu'elle avait besoin de plus de détail pour écrire le communiqué annonçant ma grande victoire. Je suis invité à une entrevue et ensuite à un coquetèle.

Ce genre d'événement me rend nerveux. En fait, je ne sais pas comment m'habiller. J'ai pas vraiment de linge "chic" et j'ai l'impression d'être endimanché si j'essaie de bien m'habiller (se référer à mon déguisement de Mormon lors de ma graduation de McGill...)

Là je me suis bien habillé. Chemise noire, veston (!!!) noir, souliers carrés. Je vais au cocktail et là le responsable de la Fondation annonce aux différents demandeurs de bourse que les projets sont tous intéressants. Que l'on est des gens motivés. Et blablabla. Il tourne autour du pot. Finalement, il conclut: "Cette année nous avons décidé de ne pas attribuer la bourse Max Lazard." QUOI??? Vous nous avez fait venir ici mais surtout fait repasser ma chemise pour rien. Je suis reparti complètement dégoûté du monde des intellectuels. Ces intellectuels qui reçoivent 23 propositions et qui n'en choisissent aucune. Et là je me suis rappelé cette fameuse chanson de René Binamé, tiré d'un poème de Charles d'Avray:

"C’est reculer que d’être stationnaire
On le devient de trop philosopher".

Je suis donc officiellement payé pour étudier. Et pour faire de la recherche. Faire de la philosophie si on veut. Mais c'est promis, je ne vais pas trop philosopher.

En apprenant la nouvelle de la bourse j'étais tellement excité que mes bras se sont mis à faire pleins de gestes et je sautais sur place. J'en ai déduit que je nageais dans ma chambre.

Sinon, pour vous prouver que la pétanque c'est du sérieux, voici un tableau que notre coach nous a fait étudier aujourd'hui. Vous en comprendrez que la distance c'est x, k est une constante, Vo la vitesse initiale et alpha l'angle par rapport au sol.

Ça y est, cet été je deviens la terreur des boules. Je joins la fédération québécoise de pétanque. Ce qui me motive? "Bénéficier d'une assurance accident". Évidemment.

Didier Choupay, une légende de la pétanque, a mystifié la formule balistique. Sa technique est inimitable. Un jour elle sera mienne. Ô oui, un jour, elle sera mienne.

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