Cette fin de semaine, il y a avait un petit colloque à la Maison des Étudiants Canadiens. Un des présentateurs y est allé d'une conférence intitulée: "La salsa comme stratégie d’adaptation des transnationaux latino‐américains à Paris »". Ok, peut-être que ça vous dit absolument rien. Maintenant remplacez le mot salsa par hockey et latino-américains par Québécois. C'est l'évidence même.
Hier, alors que je me trouvais dans un party Couchsurfing (kossé je faisais là?) j'ai reçu un sms sur mon fabuleux téléphone cellulaire. Il était 22h11 heure de Paris. Huit lettres. Cé-A-Er-Bé-O-O-U-Té.
Carbo out. J'ai immédiatement compris. Huit lettres tapées frénétiquement sur un minuscule clavier de téléphone. J'ai reçu un message semblable de trois personnes différentes. Mes nouveaux "amis" couchsurfing m'ont demandé ce qui se passait. Un peu dur à expliquer. Voyez-vous, avec la distance, le phénomène hockey a pris des proportions inimaginables à Paris. Non seulement le samedi soir est pratiquement dédié au match (qui commence à 1h du matin...) mais je connais des gens que je ne nommerai pas qui se font envoyer les matchs en format 60 minutes et qui les regardent les jours suivants. On n'est pas très loin d'Elvis Gratton et des cassettes de baseball. Et magie, ce sont des filles. La passion pour le hockey outre-atlantique est donc plutôt égalitaire.
Je sais, je sais, Montréal est hockey. Mais Paris aussi. J'ai participé cette année à un pool avec des résidants de la Maison canadienne. Ma performance est comparable à mon habileté pour patiner à reculons: très très pénible. C'est la beauté d'être gérant d'estrade. Quand je suis revenu à la Maison d'Argentine hier soir, j'ai croisé des amies argentines (évidemment) dans la cuisine. Je leur ai annoncé la grande nouvelle, Carbo est fini. Je leur ai demandé qui, à leur avis, serait le nouveau coach. Et Carolina, de dire fièrement, Patrick Le Roy. (Elle a pas encore compris que c'est E Roy et non Le Roy). Vous voyez les proportions que c'est en train de prendre?
Ceci n'était qu'un préambule pour vous confier mon errance, ma quête. En 1995, les Nordiques déménagent. Pendant au moins 7 ans, il y a eu un graffiti dans la Côte d'Abraham avec le signe des Nordiques et écris RIP. Mais en 1995, j'avais 10 ans. Le pire âge. Au sortir de l'enfance, on commence à se créer une identité. Que faire?
Dans le merveilleux Colisée, se sont succédés les Rafales (ayant vu jouer Francis Bouillon et Glen Metropolit...et Serge et Mario Roberge (J'ai reçu une photo signée de la part de leur mère qui habitait la rue en face de chez nous). Ensuite, les Citadelles de Québec (le club école du CH, la cicatrice des Nordiques était trop fraîche, ils sont retournés dans la glorieuse Hamilton) et finalement les Remparts du Junior Majeur. Je ne vous parle même pas du RadioX.
Vous comprenez la confusion que tout ça peut apporter chez un jeune. Que s'est-il passé avec les amateurs des Nordiques? Certains se sont mis en tête de suivre l'Avalanche. Question de tourner le fer dans la plaie, l'Avalanche a gagné la mythique Stanley en 1996, j'avais alors 11 ans. C'en était trop. Comment, à 11 ans, peut-on gérer des sentiments aussi contradictoires sans tomber dans la folie??? Pouvez vous croire qu'il y ait eu des émeutes en 1996, à Denver, pas à Québec, à DENVER après la victoire de Joe Sakic (avant qu'il ne se passe une main dans la souffleuse), Peter Forsberg, Adam Foot ET PATRICK ROY!!! PATRICK ROY!!!
Quelques anecdotes d'enfance...
Lorsque le CH a gagné sa 24ième coupe, le 9 juin 1993, 2 ans avant le départ des Nordiques, je regarde le match, qui finit très tard. Permission spéciale disons. Et là, je suis déçu. Déçu et triste. Parce que cette année là, ce devait être le tour aux Nordiques, qui avaient même gagné les 2 premiers matchs de la série contre Montréal.
Le lendemain à l'école, tout le monde a la baboune. Dans leur imagination d'enfants, les écoliers répètent machinalement: "Les canachiens ont gagné la coupe cinglée". Je l'invente pas maintenant. Et là, préfigurant mon rôle de gérant d'estrade absolu, je commence une conversation sûrement fort brillante où j'argumente avec un camarade que tout ce qu'il manque aux Nordiques c'est un gardien comme E Roy. (Je l'admets j'écoute encore des clips de Ron Hextall sur youtube, en 2009...) Ron Hextall, qui jusqu'à la fin refusa le style papillon.
Là, j'ai besoin de l'aide du public, mais qui, de Valery Kamensky ou Andrei Kovalenko, avait des lacets vert fluo? Première question. Deuxième question, mais pourquoi je me rappelle de ça?
Sérieusement, l'histoire des Nordiques me prédestinait à m'intéresser à la politique. Je vous le demande, très sérieusement, y a t'il eu un événement plus clair cristallisant le racisme anti-québécois que lorsque Lindros, repêché par les Nordiques, refusa de mettre le chandail de l'équipe sous prétexte, notamment, que Québec était une ville francophone?
Et le déménagement même des Nordiques vers les States, n'est-ce pas l'apogée de la marchandisation du sport. Pensez qu'il y a des équipes à Nashville et à Phoenix mais pas à Winnipeg, Québec ou Hartford! Ok, Hartford, malgré les gilets les plus laids de l'histoire du hockey, mérite la gloire puisque j'ai une amie amateure de hockey (des Whalers) et originaire du Connecticut.
La saga entourant le passage à l'Ouest des Statsny, le coup final au bloc de l'Est. Dire que Peter Statsny est maintenant député au Parlement européen!
Mais, maintenant, est-ce normal (voire sain) que je connaisse tous les joueurs du CH, que je me passionne à parler de trios ou de blessures au "haut" du corps de Georges Laraque? Je le dis maintenant, cet intérêt pour le Club Canadiens de Montréal n'est que transitoire. C'est mon veau d'or, mon péché d'idolâtrie avant que Guy Laliberté ne règle son pseudo-divorce et nous achète un club.
Je crois qu'on peut affirmer, sans exagérer, que le hockey est hégémonique au Québec. Quand le très sérieux Le Devoir, fait sa une sur le Canadiens, c'est que: soit, 40 milliards de pertes à la Caisse de Dépôt c'est pas si grave, ou bien, il y a un intérêt presque général pour les déboires de la flanalette, dixit Sportnographe. Cet article du Voir est d'ailleurs fort intéressant.
Connaissez-vous Nick Hornby? C'est un de mes auteurs préférés. Ce fût le premier (et le dernier) à mélanger une passion obsessive pour le soccer (et l'équipe Arsenal de Londres) et la littérature. Alors que ces deux mondes parallèles se snobaient, il a été capable d'écrire une autobiographie drôle et émouvante en racontant son attachement irrationnel à une équipe de soccer. Fever Pitch est selon moi un des meilleurs livres que j'ai eu la chance de lire.
Et Hornby rappelle, avec candeur, que, comme tout son entourage (et même des gens qu'il ne connaît pas) savent qu'il est un fan fini de Arsenal, lorsque quelque chose d'important arrive pour cette équipe, il reçoit des dizaines d'appels. Les gens l'associent au club. Il s'en réjouit.
J'attends donc impatiemment le jour où l'on arrêtera de m'écrire lorsque Carbo est échangé pour me dire que oui, c'est fait, l'évanescent Mats Sundin, Patrick E. Roy et Joe Sakic ont mis leurs économies en commun pour acheter le Lightning. Avec LeCavalier, bien entendu.
P.S. Je lis avec toujours autant d'intérêt vos commentaires, qui se font de plus en plus rares. Je sais que plusieurs lisent ce blog, ne vous gênez pas pour me faire part de vos impressions ou de votre haine lancinante envers Marcel Aubut.
mardi 10 mars 2009
L'année du Centenaire
Publié par Philauloin? à 07 h 56
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1 commentaire:
Un commentaire pour te faire plaisir, et parce que moi aussi je souffre du syndrome "intérêt décroissant" apparent de mon blog!
Moi j'ai appris que Carbo était "out" par le status facebook de quelqu'un. Ça a été un peu comparable au malaise que je ressens quand quelqu'un change son "relationship status". C'est pas quelque chose que tu es sensé apprendre par internet, ça mérite au moins un SMS, ou un appel, mais au mieux, une conversation en tête à tête, qui commence préférablement par "assis-toi j'ai quelque chose de sérieux à t'annoncer".....
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