mercredi 12 décembre 2007

Notre Amerique... et notre Biélorussie.


Les plus férus en littérature latinoaméricaine auront flairé la référence au grand poete cubain José Marti dans le titre de mon message précédent. Continuons donc la discussion sur "Notre Amérique". Car apres mon message sur Sumapaz, qui était fort optimiste, je suis maintenant au Venezuela, un autre pays ou ca brasse pas mal.

J'ai écrit ma these de fin de bacc. sur le Venezuela et plus j'en sais plus la situation m'apparait complexe. Je ne vais pas ici faire comme tant de journalistes ou commentateurs "p'tits bourgeois incurables qui parlent pas, qu'écrivent pas, qui bavent". Car j'ai déja bavé assez sur la figure de Chavez il y a 2 ans.
Non, je vais tenter de ne pas baver. Car il y a au Venezuela quelque chose de perceptible et de troublant: l'espérance de changer l'histoire. Quand est-ce la derniere fois que vous avez ressenti ca vous? En allant visiter une usine occupée par des résidants de Petare qui s'organisent en petites coopératives d'ébénistes, de comptables, de tisserands, etc on comprend que quelque chose de différent se trame ici. Mais il reste encore énormément a faire... On est toujours loin du film La Prise de Naomi Klein.

Mais il y a quelque chose d'extremement romantique dans cette volonté de changer l'histoire. Plus que la changer, voire de la tromper. Car dans nos livres d'histoire on a appris que le communisme a échoué. Un pays sorti de nulle part, assis sur une marre de pétrole, tente de prouver aux historiens qu'ils ont parlé trop vite. Toute cette histoire me rappelle le mignon film "Harold et Maude".

Car "Harold et Maude" est avant tout une histoire d'amour impossible entre un jeune homme morbide de 18 ans et une dame heureuse de 79 ans. Un pays qui en 2007 tente de devenir socialiste me semble un peu comme ca. Improbable mais attendrissant. D'autant plus que cette tentative de socialisme a été, jusqu'a maintenant, fort respectueuse des droits humains et de la dignité des personnes.

Et en parlant avec des militants on se rend vite compte que ce n'est pas le paradis socialiste ou tout le monde chante et danse. Corruption, bureaucratie, rien n'y échappe. Mais il y a tout de meme la volonté de se dépasser, de changer la société. Pour le mieux. Je ne peux que lever mon chapeau. Car des ces millions de personnes qui se disent "chavistes" tous ne sont pas de pauvres imbéciles qui croient en un Messie. En discutant avec Manuel, un ami qui m'avait hébergé il y a 2 ans, je vois qu'il ne se fait pas d'illusion. Il est clairement lucide face a la situation. Lucide mais pas amorphe.

Il reste énormément a faire. Avec tous leurs errements les Vénézuéliens se sont mis au travail. Errements? Disons que les nouveaux liens entre le Venezuela et le peuple "frere" de Biélorussie (la derniere dictature d'Europe) me laisse plutot perplexe. En fait, ce n'est certainement pas pire que notre traité de libre-échange avec la Colombie, non?

Les Vénézuéliens se sont mis en marche. Et nous?

P.S. Des photos de Rémi http://remi.g-noc.net/gallery/main.php?g2_itemId=239091

Aucun commentaire: